Fonds Berry
Le fonds local relatif au Berry rassemble des documents de natures diverses.
Les imprimés en constituent le cœur. Ils sont complétés par :
-des cartes et plans
-un ensemble iconographique regroupé par thèmes
-une collection de cartes postales
-une collection de photographies d’intérêt documentaire
-un ensemble de papiers éphémères
-des phonogrammes, vidéogrammes et documents numériques
-on trouvera aussi des documents relatifs au Berry dans d’autres fonds de la bibliothèque patrimoniale
-les manuscrits en proposent un nombre élevé
-la bibliothèque de Jules Bertaut en réunit une quantité appréciable
-les livres d’artistes contemporains
-les fonds d’archives littéraires Rivière-Fournier et plus encore Jean-Louis Boncoeur, de même
La Société d’archéologie et d’histoire du Berry ayant déposé sa bibliothèque au sein des locaux de la bibliothèque patrimoniale, il est possible de consulter sur place son propre fonds documentaire relatif à l’ancienne province.
Le fonds Berry et ses prolongements sont régulièrement enrichis par des acquisitions, onéreuses ou gratuites (collecte, distribution, dons, dépôts). Ces acquisitions concernent aussi bien les publications actuelles et courantes que des documents rares ou anciens encore absents du fonds.
Le critère de constitution de ce fonds est une exhaustivité aussi grande que possible, compte tenu de la valeur sur le marché des documents les plus précieux.
La notion d’intérêt pour la culture locale gouverne la constitution du fonds Berry. Elle s’entend de manières diverses.
En premier lieu, toute publication ayant pour sujet le Berry est fondée à y figurer. Il peut s'agir de grandes questions historiques, culturelles, de personnages marquants. Il peut s'agir aussi de sujets très ponctuels et spécialisés, de personnalités d'une notoriété discrète. Les études, essais, témoignages et libellés divers y ont leur place comme aussi les textes romanesques ou poétiques. L'ampleur matérielle des imprimés y varie de la plaquette à la somme en plusieurs volumes, sans oublier tous les documents, déjà évoqués, qui ne sont pas des livres, et pour certains, pas même des imprimés.
S’y trouvent aussi rassemblés des documents produits dans l’ancienne province, à l’exception toutefois de ceux issus des presses industrielles de notre époque, conservés au titre du dépôt légal imprimeur à la Bibliothèque municipale à vocation régionale d’Orléans.
Ce fonds compte aussi des documents conçus par des personnes ayant un lien d’origine ou de résidence en Berry suffisamment marquant ou significatif.
Les imprimés se déclinent en livres, revues, et presse. Ces dernières sont présentées sur la page périodiques qui leur est spécifique.
Ces documents sont signalés dans le catalogue informatisé.
Les plus anciens proviennent des saisies de bibliothèques privées effectuées lors de la Révolution française et finalement dévolues à la garde de la municipalité.
Les plus récents sont des publications contemporaines de nature courante ou précieuse.
Beaucoup des impressions anciennes présentes dans ce fonds témoignent de l’activité des imprimeurs de Bourges, dans une moindre mesure de celle d’imprimeurs d’autres localités du Berry.
Toutes les impressions anciennes de ce fonds ne sont cependant pas issues de l’imprimerie locale, des sujets ou auteurs berrichons ayant aussi été édités dans d’autres centres d’imprimerie, souvent en raison de leur plus grand prestige, Paris et Lyon en particulier.
Ainsi un missel incunable à l’usage de Bourges est-il imprimé à Paris par Jean Higman en 1493. Des Heures à l’usage de Bourges, imprimées sur vélin enluminées et illustrées de gravures sur bois, paraissent vers 1511, à Paris, chez Simon Vostre. Le premier ouvrage consacré à l’histoire du Berry par Jean Chaumeau en 1566 sort quant à lui des presses lyonnaises.
Enfin, un grand nom de l’art du livre du XVIe siècle, Geoffroy Tory, est natif de Bourges mais n’y a jamais exercé, et son Champ Fleury, dont la bibliothèque conserve un exemplaire (By 20460), est publié à Paris.
La ville de Bourges n’ayant jamais été un centre majeur pour l’imprimerie sous l’Ancien régime, on constate sans surprise que l’essentiel de la production de ses imprimeurs est lié aux publications suscitées par les autorités civiles (politiques, législatives et judiciaires) d’une part, religieuses d’autre part, et par les établissements d’enseignement.
On peut évoquer à ces divers titres les factums, qui donnent un aperçu vivant, parfois rocambolesque, du quotidien de la Province du XVIIe au XIXe siècle.
On peut songer aussi aux coutumiers, privilèges, ainsi qu’aux recueils constitués de publications officielles qui permettent de suivre le cours local des conséquences de la Révolution française.
Dans un autre registre, les versions successives du missel, ou encore les ordonnances synodales témoignent de la vie de l’archidiocèse et de son évolution.
Les discours de remise des prix nous font entrer dans celle des établissements d’enseignement berruyers…
Ces documents fournissent ainsi une information fine et dense sur la vie locale.
En outre, les marques de possession des ouvrages anciens de ce fonds sont nombreuses, offrant un vivier de renseignements sur les bibliothèques dont ils sont issus, leurs possesseurs, les dons qu’ils en ont fait le cas échéant, souvent aux établissements d’enseignement. Il s’agit pour la plupart de personnages importants dans la vie locale de leur époque. Une part importante des écrits consacrés au Berry est d’ailleurs due, au fil du temps, à des personnalités et notables de la Province, laïcs autant que religieux.
Un parcours rapide de cet ensemble voudrait faire apercevoir sa richesse, sa diversité et quelques unes des surprises qu’il ménage.
Ordonné à la culture et à l’histoire locale ce fonds croise inévitablement de grands personnages et événements de la vie politique.
Bien entendu, des documents contemporains du duc Jean de Berry, de Jacques Cœur, de Charles VII ne peuvent y figurer puisqu’ils ne sauraient relever du domaine de l’imprimé.
En revanche, le fonds propose des études sur ces personnages, ou comme pour la Pragmatique sanction, des imprimés issus plus tard de leur activité politique.
Moins immédiatement célèbre, la princesse, puis reine, Jeanne de France, fille de Louis XI et épouse passagère autant que malheureuse de Louis XII, devenue duchesse de Berry, a donné lieu à des publications présentes dans le fonds au nombre desquelles ont peut retenir un ensemble de pièces imprimées du XVIIIe siècle, destinées à l’instruction de son procès de canonisation (E 1294), ou une monographie que lui a consacré au XIXe siècle, C.C. Pierquin de Gembloux (By 20005).
Des affrontements suscités par la lutte entre catholiques et réformés, virulente en Berry, témoignent entre autres les écrits de Jean de Léry, par ailleurs célèbre pour son voyage au Brésil, et qui eut part au siège de Sancerre.
La famille de Condé a aussi laissé une trace dans la bibliothèque de la ville par des livres dont les reliures portent ses armes (E 1989 ; A 154).
De même qu'y est conservé le Mémoire sur la généralité de Bourges établi par l’intendant Dey de Séraucourt en 1697 et publié à Bourges au XIXe siècle, ou les Cahiers de Sainte-Hélène du général d’Empire Bertrand, natif de la Province.
Quant aux mouvements sociaux du XIXe siècle, autour desquels on croise les noms de Felix Pyat, George Sand, de l’avocat Michel, dit « de Bourges », c’est essentiellement la presse et les revues qui en gardent la trace.
L’histoire ne saurait se faire sans historiens. Ceux qui marquent le Berry sont Jean Chaumeau, Gaspard Thaumas de la Thaumassière, Louis Raynal. Leurs écrits sont tous disponibles, dans leurs éditions originales et leurs rééditions. De même que les écrits de leurs successeurs contemporains. Parmi ces derniers, même s’il ne s’est pas consacré à rendre une histoire de la Province, rappelons Jules Bertaut, qui a légué sa bibliothèque à celle de la Ville de Bourges.
On peut aussi mentionner l’érudit abbé Philippe Labbe, pour la période classique, ou le Saint-amandois Raoul-Rochette, spécialiste, au XIXe siècle, de l’antiquité gréco-latine, dont la bibliothèque propose de nombreuses études.
Bourges dont l’université, fondée sous le règne de Louis XI, a surtout été réputée pour l’enseignement du droit, a vu passer et vivre en ses murs des juristes de renom.
Deux des historiens précités sont d’ailleurs aussi hommes de loi, les travaux de Thaumas de la Thaumassière sur les coutumes étant importants. Un autre, avocat polygraphe, Nicolas Catherinot, mérite qu’on le cite, même si tout ce qu’il avance n’est pas assuré.
Parmi les grands noms du droit à Bourges on peut retenir ceux d’Alciat, Le Duaren, Hotman, Doneau.
La province compte aussi des scientifiques que la bibliothèque permet d’étudier ou de découvrir. On peut inviter à parcourir à travers le catalogue informatisé la description des écrits du physicien Sigaud de La Fond (ou Lafond), des études de mathématiques et physique de Haton de la Goupillère, de ceux du botaniste Edouard André, du géologue Albert de Lapparent, des observations astronomiques de l’abbé Théophile Moreux, des réflexions inspirées par le courant des physiocrates du chevalier Jean-Marie Heurtault de Lammerville sur les bêtes à laine, l’agriculture, le dessèchement des marais, de celles du marquis de Voguë sur l’amélioration des terres, ou, dans un autre domaine, les recherches du linguiste Antoine Meillet.
Outre la musique liturgique, la bibliothèque peut aussi proposer d’approcher divers aspects de l’activité musicale en Berry, qu’il s’agisse des compositions d’Alexandre Bruneau, des chansons berriaudes, dont celles de Jean Rameau, du festival de Saint-Chartier, du printemps de Bourges.
De nombreux écrivains et conteurs sont liés au Berry par leur œuvre ou par leur vie.
On peut prendre contact avec l’inspiration locale à travers les écrits d’Hugues Lapaire, de Joseph Ageorges, Gabriel Nigond, Just Veillat, Zulma Carraud, Jean-Louis Boncoeur dont l’ensemble des papiers personnels, brouillons, dessins, a été offert en don par ses enfants à la Ville de Bourges à la fin de l’année 2007. Quant à l’hagiographie de la Province, que les conteurs croisent souvent, Nos saints berrichons de Mgr. Villepellet peut en donner un premier aperçu.
Participent de cette veine locale autant que de la littérature plus largement entendue, Maurice Rollinat, et bien sûr George Sand, très présente dans le fonds local, notamment pour les études qui lui sont consacrées. De même que le sont Marguerite Audoux, qui reçut avec Marie-Claire le prix fémina en 1910, ou Raymonde Vincent.
Quant à Alain-Fournier, on peut consulter les pages qui lui sont consacrées, ainsi qu’à Jacques Rivière, puisque la Ville a reçu en 2000 le don de leurs archives littéraires.
Le Berry compte bien d’autres écrivains et poètes dont les textes ne s’inscrivent pas pour autant dans la matière berrichonne. Citons pour le XVIe siècle Pierre Motin et François Habert.
Deux abbés écrivains y sont nés dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, fort éloignés dans leurs écrits malgré leur relative homonymie, le sévère Louis Bourdaloue, et le facécieux Laurent Bordelon.
N’omettons pas les frères Des Gachons (de Querlon à la ville) pour leur œuvre littéraire et graphique, ni Félix Pyat qui écrivait du théâtre en plus de faire de la politique, non plus que Jean Giraudoux, né de Châteauroux.
Le Berry n’est pas avare non plus en poètes, qu’il s’agisse de Mac Nab, d’Henri Pichette, lui aussi castelroussin, de Jean Ristat ou de Juliette Darle, de Marc Blanchet, sans omettre les poétesses Eugénie Casanova et Agathe Baudoin, fleurons de la rhétorique pompeuse, mais indubitables témoins des manières littéraires et sociales de leur époque.
Pour la littérature, invitons encore à découvrir Georges Bernanos, Pierre de Boisdeffre, Jean de Boschère, Elvire de Brissac, Sylvie Germain, Nancy Huston et Tsvetan Todorov. On voit que les frontières du Berry peuvent être mouvantes.
Si la Province retient des étrangers, elle a reçu aussi des hôtes de passage marquants et donné naissance à des voyageurs. La bibliothèque en conserve la mémoire en rassemblant pour ses lecteurs quelques unes de leurs œuvres.
Sans redire les juristes qui l’on visité au XVIe siècle, on peut faire état d’une mémorable mise en scène dans la ville du Mystère de la passion d’Arnoult Gréban, rappeler que Bourges a vu passer comme enseignante la philosophe Simone Weil, ou naître un autre grand nom de la philosophie française, Vladimir Jankelevitch, de même que la future mystique Elisabeth Catez alias sœur Elisabeth de la Trinité.
Le Cher a vu passer comme préfet Jean-François Deniau, par ailleurs grand voyageur, tandis qu’est né à Châteauroux, un autre passionné du monde, François Balsan, et que le Berry a accueilli à la fin de sa vie Henry de Monfreid.
Ces quelques repères, à fois limités et généraux, n’ont d’autre ambition que d’accompagner une découverte du fonds local. Ils ne doivent pas en masquer la richesse documentaire, fondée sur des écrits dont les sujets sont souvent d’une extrême précision. Les monographies sont à cet égard relayées par les périodiques, presse et revues, qui en constituent le second versant.