Manuscrits

La bibliothèque conserve un peu plus d’un millier de manuscrits. Dans ce décompte ne figurent pas les documents du fonds Rivière-Fournier, donné à la Ville en 2000, ni ceux du fonds Jean-Louis Boncoeur, donné à la Ville en 2007. N’y figurent pas non plus ceux des documents du legs Dumoutet, qui ont été intégrés au fonds iconographique local.

Il faut considérer avec discernement ces décomptes. Une entrée du catalogue des manuscrits peut aussi bien correspondre à un livre médiéval, à un registre, à une liasse ou recueil de pièces manuscrites de plusieurs centaines de pages, à un feuillet isolé.

On en vient ainsi à constater une évidence : la grande hétérogénéité de documents que recouvre l’appellation « manuscrit », qu’il faut entendre strictement comme « document rédigé à la main », ce qui ne dit rien sur sa date ni sur sa nature (livre, registre, liasse, carnet, cahier, feuillet de correspondance… ).

Les manuscrits de la bibliothèque de Bourges ont été décrits dans le Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, en son tome IV, de 1886, établit par H. Omont, et son supplément de 1971, soit le tome LVIII, établit par J. Jenny.

Les manuscrits acquis par la bibliothèque après cette dernière date ont été collationnés par ordre d’entrée dans une liste elle aussi manuscrite, dont il existe désormais une copie sous forme numérique.

Les notices du Catalogue général des manuscrits… sont désormais consultables en ligne dans le Catalogue collectif de France, base CGM. De même, les notices des manuscrits du fonds Rivière Fournier figurent dans le CCFR, base PALME. Elles sont aussi consultables dans le catalogue informatisé de notre bibliothèque.

Dans cet ensemble, on compte quelque 140 documents médiévaux. Les décors de ceux qui en possèdent ont été reproduits et indexés par l’institut de recherche et d’histoire des textes du CNRS et sont librement consultables dans la base « Enluminures » que ses membres ont constituée et continuent d’alimenter.

Si l’on veut y considérer les seuls documents de la bibliothèque de Bourges il faut choisir l’option « recherche guidée » puis sélectionner Bourges dans la liste des villes et parcourir un à un les 81 manuscrits figurés par un numéro, qui correspond à leur cote dans notre bibliothèque.

Quand on associe le nom de Bourges à l’idée de manuscrit médiéval, on ne saurait manquer d’évoquer le duc Jean de Berry. Pourtant, les manuscrits dont le duc avait pourvu la bibliothèque de la Sainte Chapelle de Bourges sont relativement rares à être demeurés dans sa « bonne ville » jusqu’à nos jours.

Les quatre volumes du Lectionnaire de la Sainte Chapelle sont les plus remarquables (33-36). Ils ont été exécutés pour la bibliothèque de cette fondation et portent les armes et ornements emblématiques propres au duc Jean. Il en va de même pour l’évangéliaire (48) issu de cette même bibliothèque.

Ce n’est pas le cas des autres livres manuscrits toujours présents à Bourges ayant appartenu à la Sainte Chapelle que sont : le Catholicon de Jean de Gêne (ou Jean Balbi) (335), Un manuscrit du XIIe siècle des Sentences de Pierre Lombart (124), un autre du début du XIIIe siècle des Epîtres glosées (67), un recueil du milieu du XIVe siècle de textes médicaux attribués à Galien (299).

On peut ajouter à cette courte liste un Sanctoral du premier tiers du XVIIIe siècle (959), sans relation bien sûr avec le duc Jean, mais à l’usage de la Sainte Chapelle.

Tous ces documents sont précisément analysés par Claudia Rabel dans le catalogue de l’exposition tenue au musée de Bourges en 2004 : Une fondation disparue de Jean de France, duc de Berry / La Sainte Chapelle de Bourges, établi sous la direction de Béatrice de Chancel-Bardelot et de Clémence Raynaud.

Rappelons que le plus célèbre des manuscrits du duc Jean, qui est un des manuscrits enluminés les plus réputés, les Très Riches Heures du duc de Berry, n’est pas conservé par la bibliothèque de Bourges, mais par celle du musée Condé de Chantilly.

Il est cependant possible de voir dans notre bibliothèque un très remarquable fac-similé de ce document exceptionnel. De même, une copie réalisée au XVIIIe siècle (740) permet d’accéder au contenu de l’obituaire de la Sainte Chapelle de Bourges, dont l’original a pu être acquis en 2005 par les Archives départementales du Cher.

A Bourges, le manuscrit médiéval évoque aussi l’enlumineur de renom Jean Colombe, qui vécut et travailla dans notre ville au XVe siècle. On lui doit un nombre important de manuscrits enluminés, dont un Pontifical de l’archevêque de Bourges Jean Cœur, l’achèvement des Très Riches Heures du duc de Berry, les Heures de Louis de Laval que conserve la bibliothèque nationale de France et bien d’autres livres d’Heures.

Le hasard de l’histoire de la bibliothèque fait pourtant qu’aucune de ses réalisations n’est présente dans notre établissement. Là encore, nous pouvons à tout le moins offrir la consultation d’un fac-similé, réalisé par la Ville de Troyes, qui a pu acquérir en 2005 un livre d’heures très remarquable exécuté par notre enlumineur pour Guyot Le Peley, un riche commanditaire troyen.

Pas plus que de cet enlumineur, l’histoire n’a donné la chance à notre bibliothèque de conserver à Bourges un des troublants manuscrits exécutés pour la famille Lallemant à la fin du XVe siècle, dont certains se trouvent aux Pays-bas et aux Etats-Unis.

Bourges n’a heureusement pas perdu toute trace des manuscrits médiévaux attachés à son histoire. Il y demeure toujours une Bible monumentale de la fin du XIIe siècle (3), très richement décorée, exécutée pour l’abbaye bénédictine de Saint Sulpice de la nef.

Parmi les manuscrits liturgiques ornés à l’usage local on peut retenir un missel (39) et un bréviaire (18) du XVe siècle, plusieurs psautiers de la même époque provenant de l’abbaye de Chezal-Benoît. 

Les livres d’Heures présents à la bibliothèque sont assez peu nombreux et ornés modestement, ou parfois mutilés de leurs décors. Une pièce remarquable mérite cependant d’être signalée (594). Elle a été acquise par la Ville en 1953. Certes, ce livre d’Heures est incomplet et remanié, mais les miniatures qui y demeurent sont de qualité. Surtout, il est remarquable pour avoir servi de livre de raison à partir du début du XVIe jusqu’à la fin du XIXe siècle à la famille de Village et à ses descendants.

Bien que d’une facture matérielle modeste, le cartulaire de l’abbaye cistercienne de Fontmorigny (218) compte parmi les documents médiévaux importants de la bibliothèque.

Quoiqu’ils n’aient pas d’ancrage local, on notera la présence de quelques autres documents médiévaux de grand intérêt :

Le plus ancien document conservé à la bibliothèque est un volume, sans décor, d’œuvres de saint Augustin, de la fin du IXe siècle, demeuré dans sa reliure d’origine (94).

Un fragment d’une surprenante reliure du XIIe siècle demeure sur un volume des Moralia in Job de saint Grégoire (106).

Un Sacramentaire enluminé du XIIe siècle nous vient de l’abbaye Saint Bertin de Saint Omer (37).

Un Lectionnaire de l’Office bolognais, daté de 1377 est signé d’un moine de Nonantola (19). Ses très nombreuses initiales figurant de saints personnages ont été largement mutilées, vingt et unes seulement demeurent.

Un volume enluminé des Décrétales du XIIIe siècle est originaire de Catalogne (189).

Parmi des documents matériellement plus modestes mais d’importance pour l’histoire locale on retiendra, pour la fin de la période médiévale, autour de la personne de Jeanne de France, fille de Louis XI et duchesse de Berry après l’annulation de son mariage avec Louis XII : une copie de son testament réalisée par le lettré Jacques Thiboust, sieur de Quantilly, et les fragments d’un livre de comptes de la maison de la duchesse, acquis en 1978. Ou bien encore, les statuts de la congrégation de Chezal-Benoît qui figurent dans les manuscrits 204 à 207.

Un carnet du XVIe (328) siècle garde quant à lui des détails de la représentation qui fut donnée à Bourges du Mystère de la Passion d’Arnoult Gréban. Il a été en partie recopié au XIXe siècle par J.-P. Chevalier de Saint Amand, alors bibliothécaire de la Ville (598).

Quelques cours manuscrits, du XVIe au XVIIIe siècle attestent pour leur part de l’enseignement de l’université de Bourges.

Des deux prélats qui ont le plus contribué à enrichir la bibliothèque aujourd’hui municipale nous conservons, pour Anne de Lévi de Ventadour, un cahier autographe (174), pour le cardinal archevêque Jérôme de La Rochefoucault de Roye, de la correspondance, essentiellement diplomatique (129 et 278).

Quant à Monseigneur Michel Phélypeaux de La Vrillière, il nous a laissé un très élégant petit volume (394), dont il fut dédicataire, de vers latins accompagnés d’éclatants dessins d’inspiration emblématique ; document bien accordé au faste du personnage. C’est en effet le même qui fit réaliser à Pierre Bullet un projet de construction du palais archiépiscopal si somptueux qu’il ne fut jamais entièrement réalisé, la dépense à prévoir ayant réussi à inquiéter la famille du prélat qui en appela au roi.

Le siège archiépiscopal est encore à l’origine d’un autre document singulier, une enquête sur la Primatie d’Aquitaine, l’archevêque de Bourges étant traditionnellement primat d’Aquitaine, réalisée à la demande de Monseigneur de Ventadour. Il en existe deux versions manuscrites, l’une sommaire, l’autre soignée, où sont peintes les armes de nombreux archevêques du siège berruyer (236 et 237).

Quant à la bibliothèque du chapitre de la cathédrale, il est possible d’en suivre la trace grâce aux manuscrits qui portent son monogramme.

Mais le fonds des manuscrits témoigne de bien d’autres aspects de l’histoire locale.

Un herbier sec du XVIIe siècle (362) ou des papiers d’herborisation et de réflexion botanique de l’abbé Blondeau (416) établis à la fin du XVIIIe et début du XIXe siècle nous éclairent sur la flore de ces siècles passés. P. Candegabe a étudiés ces derniers pendant son séjour parmi l’équipe du Muséum d’histoire naturelle de la Ville de Bourges.

Une copie réalisée au XIXe siècle du journal de Jean Glaumeau, rédigé au XVIe siècle, nous restitue une des sources de nos historiens locaux (424). Ce document a par ailleurs été publié et figure sous cette forme dans le fonds local.

Le procès de Jacques Cœur nous demeure présent dans une copie du XVIIe siècle (403). Dans une copie contemporaine de sa rédaction, nous conservons le Mémoire sur la généralité de Bourges dressé par Louis-François Dey de Séraucourt en 1700. Publié depuis, il est présent aussi dans le fonds local.

Le fonds des manuscrits rassemble de nombreux papiers d’érudits locaux, dont Paul Chenu (601-674), Hippolyte Boyer (597), Thierry de Brimont (681), Henri Gillet (780-894).

Ceux de Jules Bertaut viennent en complément des livres de sa bibliothèque.

Les documents et papiers de Jules Dumoutet intéressent l’archéologie locale et l’histoire des bâtiments du département. Ils sont décrits à part.

Sous les cotes 479 à 505 figurent les papiers de Paulin Riffé, conseiller de préfecture du Cher, ayant exercé dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Il s’agit pour l’essentiel de compilations généalogiques concernant les familles du Berry et du Nivernais. Les tables des manuscrits 481 à 490 (recueil de notes et de documents généalogiques sur les familles du Berry) et 491-492 (recueil de notes généalogiques sur les familles du Nivernais) sont consultables ici.

On voit que ce fonds est riche autant de ses pièces rares que de sa diversité, et qu’il apporte nombre de renseignements sur la province du Berry à travers les siècles.

Il est toujours susceptible de s’accroître, soit par acquisition, soit par dépôt (le dernier en date à été réalisé par l’archevêché de Bourges) soit par dons, les plus récents concernent les archives littéraires d’Alain-Fournier et Jacques Rivière ainsi que celles de Jean Louis Boncoeur. En raison de leur importance, ils ont été constitués en fonds spécifiques.