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Gaz issus des déchets végétaux, une bonne idée ? (Les)
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A l'heure où la pénurie de gaz guette le pays, l'idée paraît lumineuse : placer des déchets de l'agriculture et de l'élevage dans des méthaniseurs, provoquer leur fermentation et produire du méthane (CH4), capable de chauffer les logis ou de faire tourner des turbines pour produire de l'électricité. En la matière, la France part de loin : le biogaz représente actuellement moins de 1% de notre consommation de gaz et le territoire compte huit fois moins de méthaniseurs que l'Allemagne. Mais l'Agence de la transition écologique (Ademe) estime qu'en 2030, ce gaz " vert " pourrait représenter, selon les scénarios, entre 6% et 13% de la consommation - dans ce dernier cas, ils suppléeraient en bonne partie nos importations de gaz russe de 2021 Vive l'autonomie énergétique ? Certes. Mais si aucune limite n'est fixée, des champs entiers pourraient être dévolus à des cultures destinées aux méthaniseurs, au risque d'un conflit d'usage avec les cultures alimentaires... alors que, là aussi, l'invasion de l'Ukraine a montré l'importance de la souveraineté alimentaire. En France, un méthaniseur ne peut aujourd'hui utiliser plus de 15% de cultures dédiées. Mais le principe même de ne produire des denrées que pour alimenter ces installations pose question. Les opposants objectent aussi que la méthanisation réduira la fertilité des sols et que, fortement subventionnée (l'effort public pour le rachat du gaz et la production d'électricité devrait coûter 16,2 milliards à l'Etat français de 2022 à 2028), elle devrait faire l'objet d'un débat public. La France, patrie du nucléaire, est, hélas, habituée aux énergies " imposées d'en haut "...
Voir le numéro de la revue «L' Obs [Paris], 3024, Jeudi 29 Septembre 2022»
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