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"Qui à part nous" de Jonas Trueba
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Il existe en gros deux voies dans le documentaire traitant de l'adolescence. Celle qui va de "Hitler, connais pas !" de Bertrand Blier (1963) à "Nos défaites" de Jean-Gabriel Périot (2019), fruit d'un regard surplombant, traduisant avec plus ou moins de bienveillance le point de vue des adultes, parents, professeurs ou sociologues, en insistant sur les différences entre générations et en s'inquiétant de l'état d'une jeunesse scrutée depuis un malaise moral ou politique : l'adolescence y est considérée en tant que généralité, à travers des individus perçus comme des spécimens représentatifs d'une question plus vaste qu'eux. L'autre tendance, allant de Michel Brault ("Le Temps perdu", "Geneviève", 1964) et Jean Rouch ("La Pyramide humaine", 1961 ; "Les Veuves de quinze ans", 1965) à "Adolescentes" de Sébastien Lifshitz (2019), cherche au contraire à se situer à hauteur des adolescents, en ne les filmant pas seulement comme exemples ou témoins d'une question - ou alors en considérant ce questionnement comme un point de départ que le film consistera à dépasser ou déconstruire avec eux (Rouch) -, mais en incluant leur point de vue et en en faisant volontiers les complices du film en train de se faire. "Qui à part nous" appartient très clairement à cette deuxième tendance, et d'une manière si ample et généreuse, pour ne pas dire exemplaire, qu'il fait véritablement date en la matière. Sommaire. N'empêche. Le meilleur d'eux-mêmes : entretien avec Jonas Trueba et Candela Recio.
Voir le numéro de la revue «Cahiers du cinema, 786, Avril 2022»
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