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Ils ont raconté la Shoah
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C'était en avril 1945, la guerre n'était pas finie, l'Allemagne n'avait pas encore capitulé. Pourtant, le moment était venu de montrer, de raconter l'horreur. Car là-bas, dans les territoires occupés par les nazis, les troupes russes et américaines ouvraient l'un après l'autre les camps de concentration et d'extermination. Le monde découvrait ce que, jusqu'ici, il n'avait qu'ouï dire les restes de vie en loques, le silence et la mort enchevêtrés, insoutenables. Mais comment photographier, filmer cela ? Les premiers photographes américains et cameramen russes, arrivés dans les camps, hésitent entre la nécessité de ne rien cacher et la peur de mal montrer. Comment, surtout, parler, témoigner, pour les déportés juifs qui ont survécu ? Les médias français de l'époque évoquent bien les atrocités commises par les nazis, en mélangeant souvent, dans un chaos sémantique, le réel et la fiction; mais le récit des survivants et l'ampleur de la Shoah sont mal compris, explique l'historien Ivan Jablonka. En France, comme en Palestine mandataire, où des dizaines de milliers de Juifs espèrent enfin trouver la sécurité, en parler est difficile, être entendu demandera beaucoup de temps.
Voir le numéro de la revue «Télérama, 3402, Mercredi 25 Mars 2015»
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