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Travail, mobilité et légitimité : Suppliques au roi dans une société d'Ancien Régime (Turin, XVIIIe siècle) / Simona Cerutti
Article
Aux travailleurs salariés est réservée une position marginale dans la classification sociale des villes d'Ancien Régime, qui est justifiée moins par le caractère "vil" du travail matériel que par leur prétendue extranéité à la vie urbaine. Cet article interroge les fondements de cette classification, en s'appuyant sur une source particulière : des centaines de suppliques que des artisans de l'Etat savoyard adressèrent au roi, pendant le XVIIIe siècle, pour lui demander le privilège d'exercer leur métier sans pour autant présenter les réquisits nécessaires. Les informations contenues dans la source ouvrent la voie à une recherche plus vaste, faisant ressortir notamment une des principales fonctions remplies par les corps de métier, à savoir la recherche, pour ses propres membres, d'une "bonne mesure" de la mobilité qui permette à la fois des formes de coordination sociale et de sauvegarde d'espace de mouvement individuel. Après la reconstitution de ce contexte de la mobilité, l'article revient aux textes, pour analyser sous un jour nouveau les thèmes apparemment figés de la "forme supplique". Cette analyse permet d'interroger à nouveaux frais les contenus de la communication entre sujets et autorité politique, et de questionner la pertinence des catégories de "clientélisme" et de "paternalisme".
Voir le numéro de la revue «Annales, 3, Mai 2010»
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