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Nous et nos fantômes
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Bien des révolutions scientifiques, culturelles, politiques ont bouleversé nos existences ; jusqu'à les transformer. Seule la mort paraissait sans métamorphose possible. Disparition définitive parfois différée, jamais éradiquée. Et voià que des génies du numérique entreprennent de nous rendre immortels. Immémorial fantasme de l'humanité. Mais cette survie-là n'est-elle pas dangereuse, pour les proches, pour les autres, pour le mort même ? Dans les Evangiles, sa résurrection n'a guère réussi à Lazare... Si insupportable qu'elle soit, la mort n'est-elle pas effacement nécessaire ? Et utile à sa façon : de toute éternité, elle est l'aiguillon qui a suscité littérature, art, création. Depuis qu'existent tombeaux littéraires et élégies, nombre d'écrivains avouent que cette absence radicale a fait naître leur vocation. Et le sinologue Jean François Billeter et la plasticienne Sophie Calle confient ici que l'écriture et l'image redonnent vie aux aimés enfuis. Une autre vie. Qui, bien mieux peut-être que tous les arrangements numériques, défie et magnifie la vraie. SOMMAIRE. Ma vie de fantôme numérique. Légère comme une plume. J'irai créer sur vos tombes.
Voir le numéro de la revue «Télérama, 3538, Mercredi 1 Novembre 2017»
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