Fonds Rivière-Fournier : Repères bio-bibliographiques

Jacques RIVIERE naît à Bordeaux le 15 juillet 1886. Il est l’aîné d’une famille de quatre enfants. Son père, le docteur Maurice Rivière, est professeur agrégé à la faculté de médecine de Bordeaux. Après la mort de sa mère, née Reine Fermaud, à l’âge de 11 ans, il est élevé dans sa famille paternelle.

Au collège de Bordeaux, à 14 ans, avec ses frères et ses amis, il crée L’Avenir, un petit journal familial polycopié dont il est « directeur » durant 3 ans. En 1902, son père se remarie avec Marie-Thérèse Prad, veuve Mermillod, avec laquelle il ne s’entendra pas.

En octobre 1903, il entre au Lycée Lakanal de Sceaux comme pensionnaire en Khâgne. Le début de son amitié avec Henri Alban Fournier (le futur romancier Alain-Fournier), son condisciple, date de janvier 1904. Ils débuteront ensemble une correspondance qui s’étendra sur dix années. Après son échec au concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure, il fait un retour à Bordeaux, en octobre 1905, pour préparer la licence de philosophie qu’il obtiendra un an plus tard tout en effectuant son service militaire comme engagé (un an seulement).

En mai 1906, Le Mercure musical publie son premier article, « La musique à Bordeaux ». En décembre, il rend visite à Gabriel Frizeau, viticulteur et collectionneur bordelais, chez qui il rencontre André Lhote, Alexis Léger (futur Saint-John Perse) et d’autres créateurs. Il y fera plus tard la connaissance du poète Francis Jammes, d’André Gide, y entendra parler de Paul Claudel, alors consul à Tien-Tsin (Chine) auquel il écrira. En juillet 1907, il livre à la revue L’Occident un article, « Méditations sur l’Extrême-Orient » et un an plus tard une étude sur « Paul Claudel, poète Chrétien ».

En octobre 1908, il est de retour à Paris pour préparer l’agrégation de philosophie qu’il tentera sans succès jusqu’en 1911. Il épouse Isabelle, sœur d’Alain-Fournier, en août 1909. Entre temps, il est répétiteur puis professeur de philosophie au collège Stanislas.

Le 1er novembre 1909, il publie « Introduction à la métaphysique du rêve », son premier essai dans La Nouvelle Revue Française. Deux ans plus tard, au moment de la naissance de sa fille Jacqueline dont Henri est le parrain, son premier recueil d’articles critiques parait aux Editions de La NRF sous le titre Etudes. C’est le 7 décembre de la même année qu’il est nommé secrétaire de La Nouvelle Revue Française. Il y publiera plusieurs essais : De la sincérité avec soi-même en 1911, De la foi en 1912, Le Roman d’aventure et Le sacre du printemps (d’Igor Stravinsky) en 1913, Rimbaud en 1914. Aux Editions de La NRF, il fera paraître L’Allemand, souvenirs et réflexions d’un prisonnier de guerre en 1918.

1er août 1914, le sergent Rivière est mobilisé, fait prisonnier le 25 août et va passer les années de guerre au camp de Koenigsbrück en Saxe. En 1916, il donne des conférences au sein du camp, avec d’autres intellectuels et en 1917, grâce à ses amis (Copeau, Gide, …) et sa femme Isabelle, il devient « prisonnier de guerre interné » à Engelberg puis à Genève d’où il se déplace en Suisse pour des conférences très appréciées sur la littérature contemporaine. Il est de retour en France le 17 juillet 1918, réaffecté à Toulouse.

Une fois démobilisé, il travaille à la relance de La Nouvelle Revue Française qui avait cessé de paraître depuis 1914. Il en devient le directeur le 1er juin 1919, avec Jean Paulhan comme secrétaire un an plus tard. Son fils Alain naît le 11 mars 1920. Il reprend des conférences en Belgique, Suisse, Monaco, Paris, en 1922 fait paraître Aimée, un roman, aux Editions de La NRF. En 1923, il organise un numéro spécial de La NRF en hommage à Marcel Proust. En 1924, il donne une préface à Miracles, recueil de poèmes posthumes d’Alain-Fournier. Le 14 février 1925, il succombe à la fièvre typhoïde contractée tandis qu’il soignait toute sa famille.


ALAIN-FOURNIER, pseudonyme de Henri Alban Fournier, naît le 3 octobre 1886 à La Chapelle d’Angillon (Cher), dans la maison de ses grands-parents maternels. Ses parents instituteurs sont nommés à Epineuil-Le-Fleuriel en octobre 1891. Henri et sa sœur Isabelle sont leurs élèves.

En 1898, il est en 6ème au Lycée Voltaire à Paris. En 1901, il prépare l’Ecole navale au Lycée de Brest mais en 1903, il y renonce et se retrouve pensionnaire au Lycée de Bourges où il obtient le baccalauréat de philosophie en juin.

A la rentrée, il est interne au Lycée Lakanal de Sceaux. Il y fait la connaissance de son condisciple Jacques Rivière avec lequel il se lie d’amitié, faisant des découvertes artistiques ou littéraires communes. Le 21 janvier 1904, ils entendent pour la première fois Pelléas et Mélisande de Claude Debussy à l’Opéra Comique créé en 1902. C’est un profond bouleversement qui marquera la sensibilité artistique des deux amis.

Autre événement marquant de sa vie, le 1er juin 1905, Henri rencontre une jeune fille à la sortie du « Salon de la Nationale » au Grand Palais, qu’il revoit le 11 et dont il s’éprend aussitôt : c’est Yvonne de Quiévrecourt qui inspirera le personnage d’Yvonne de Galais dans son futur roman Le Grand Meaulnes. Durant l’été, il est stagiaire traducteur dans la banlieue de Londres.

En 1906, il fait une 3ème année de khâgne, au Lycée Louis Le Grand, en tant qu’externe. Admissible à l’écrit en juillet 1907, il est collé à l’oral du concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure. C’est alors qu’il apprend que « la Demoiselle est mariée depuis cet hiver ». Il décide de partir pour un service militaire de deux ans.

Le 25 décembre de la même année, il donne sa première publication à La Grande Revue « Le Corps de la femme » sous la signature d’Alain-Fournier. En avril 1909, il est nommé sous-lieutenant de réserve au 88e régiment d’infanterie cantonné à Mirande (Gers) où il reste 6 mois. Au retour de grandes manœuvres, il apprend qu’Yvonne de Quiévrecourt est devenue mère (« elle est plus perdue pour moi que si elle était morte » écrit-il). Quelques mois plus tard, il rencontre Jeanne Bruneau (la « Valentine » du Grand Meaulnes), une liaison qui durera deux ans.

En 1910, il publiera dans la revue L’Occident « L’Amour cherche les lieux abandonnés » et dans La Grande Revue « Le Miracle des trois dames de village » puis en 1911 « Le Miracle de la fermière ». C’est à la même époque qu’il commence à écrire Le Grand Meaulnes, rue Cassini à Paris. A partir du mois de mai, il est chargé d’un courrier littéraire quotidien à Paris-Journal où il parle de Charles Péguy dont il vient de faire la connaissance. En juillet 1911, il écrit à Marguerite Audoux qui a eu le prix Femina en 1910 avec Marie-Claire.

La Nouvelle Revue Française accepte de publier son « Portrait », un texte à propos duquel Péguy lui écrira : « vous irez loin, Fournier, vous vous souviendrez que c’est moi qui vous l’ai dit ». En mai 1912, grâce à Péguy, il devient le secrétaire de Claude Casimir-Perier (fils du président de la République), mari de l’actrice Simone avec laquelle il aura une liaison. Il achève Le Grand Meaulnes qui paraît dans La Nouvelle Revue Française en 5 livraisons, de juillet à novembre 1913, avant d’être édité chez Emile Paul dès octobre. Le roman manque de peu d’obtenir le Prix Goncourt.

En 1914, il travaille à un nouveau roman Colombe Blanchet et à une pièce de théâtre, La Maison dans la forêt, avant d’être mobilisé le 1er août et promu lieutenant. Le 1er septembre, le 288° Régiment d’Infanterie entre dans la bataille et le 22 septembre, il est porté disparu sur les Hauts de Meuse. Sa dernière carte à sa sœur Isabelle date du 11 septembre.

Son corps ne sera pas retrouvé avant le 10 novembre 1992, avec ceux de vingt de ses camarades qui seront ré inhumés dans le cimetière militaire du secteur de Saint-Rémy-La-Calonne. En 1920, Alain-Fournier a été déclaré « mort pour la France ».