Terence Davies "Les Carnets de Siegfried" / Jean-François Baillon

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Baillon, Jean-François | O'Neill, Eithne

Après "Emily Dickinson, A Quiet Passion" (2016), l'enfant de Liverpool revient sur le terrain du portrait intime de poète, dans ce qui sera désormais son ultime réalisation, " la meilleure chose que j'aie faite ", confessait Terence Davies dans un de ses derniers entretiens. Mais dès les origines, la poésie infuse l'oeuvre de celui qui avouait s'être inspiré depuis toujours des vers de T. S. Eliot dans "Four Quartets". Avec les années, le style de Davies s'est épuré, pour atteindre une forme de classicisme traversé d'éclats formalistes. Des premiers essais autobiographiques aux récents biopics, en passant par les adaptations littéraires et le documentaire, Davies reste un cinéaste du temps et de la mémoire. L'hommage que lui rend, du 1er au 17 mars 2024, le centre Georges Pompidou, à Paris, permettra de vérifier l'unité profonde d'une oeuvre où le moi du metteur en scène s'exprime à travers des autoportraits plus ou moins obliques : alter ego cinématographiques, personnages de fiction, mais aussi innombrables emprunts et citations filmiques et musicaux qui tissent la matière sonore de son univers. "Les Carnets de Siegfried" ne fait pas exception et clôt en beauté l'une des oeuvres les plus singulières du cinéma contemporain pour en offrir la synthèse parfaite. Gardons-nous cependant de céder à l'illusion du film-testament : Davies travaillait déjà à son prochain projet, une adaptation d'un texte de Stefan Zweig, "Ivresse de la métamorphose". La perte est d'autant plus douloureuse. Sommaire.Le poète en guerre, la critique du film. "Radio Days", mémoire musicale chez Terence Davies.

Voir le numéro de la revue «Positif, 757, Mars 2024»

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