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Le temps qu'il faut / Thibaud Defever
Document sonore
Edité par Association Presque Oui - 2020
Depuis des années, Thibaud Defever creuse le sillon d'une chanson associant avec talent les contraires : elle est complexe et lisible, virtuose et simple, nette et fouillée, fragile et solide. La flânerie et le temps qui passe sont des préoccupations récurrentes de la chanson, intimement liées à cette forme d'expression. L'une et l'autre se retrouvent mêlés d'une façon renouvelée, brillante et originale dans Le Temps qu'il faut, nouvel album de Thibaud Defever (et premier signé sous son nom). Un album traversé par le goût de l'errance, de l'aventure et par l'envie de se perdre. Qu'il s'agisse du désir rimbaldien de tout quitter (Fugue, Je dérive), de celui plus apaisé d'aller s'échouer sur une île déserte (Île), de la tentation de la forêt (Dans la forêt), du passé qui se consume pour nous libérer (Brûle - la maison d'enfance), Thibaud Defever nous invite, doucement, tendrement, à nous arracher au réel. Et nous promet, au bout d'une quête qui prendra le temps qu'il faut et nécessitera d'affronter des vents contraires, la consolation fraternelle de la rencontre (Des oiseaux, Nous). 10 chansons qui constituent un album cohérent, tissé comme un nid et solide comme un refuge. Une cohérence thématique mais aussi musicale qui réside dans la singularité de la formule : guitare-voix et quatuor à cordes. Les arrangements ciselés et évocateurs (Jean-Christophe Cheneval et Thibaud Defever) donnent à chaque titre une identité forte et font le pari de la sobriété, de la retenue. La direction artistique (Antoine Sahler) accompagne tout en finesse l'épanouissement de cette "chanson-musique de chambre", dans ce qu'elle a d'intime et de puissant. Le Well Quartet offre un écrin somptueux à la voix et au jeu de guitare brillant, volubile, d'une extrême musicalité de Thibaud Defever. Sur certains titres, ce dernier s'autorise même à abandonner la guitare pour ne s'appuyer que sur le quatuor (L'artillerie lourde par exemple), à l'instar du mémorable Juliet Letters d'Elvis Costello."