0 avis
Faut-il accepter de payer l'eau plus cher ? / Renaud Février
Article
Plus juste, plus solidaire, plus écologique. C'est ainsi que la métropole de Montpellier, dirigée par une majorité socialiste, présente sa nouvelle tarification de l'eau. Après un été 2022 marqué par une sécheresse sans précédent sur l'ensemble du territoire, et alors que le pays traverse une " sécheresse hivernale " inédite, la régie des eaux de la métropole a en effet mis en place un prix progressif au robinet. L'idée de cette mesure, déjà appliquée par une poignée d'agglomérations (Libourne, Niort...), est simple : plus l'utilisateur consomme d'eau, plus son prix augmente. Ainsi, à Montpellier, les 15 premiers mètres cubes (ml) par an sont gratuits pour tous. Puis, chaque m3 coûte 0,95 euro HT jusqu'à 120 m3, 1,40 euro jusqu'à 240m3 et 2,70 euros au-delà. Le dispositif s'accompagne d'aides sociales pour certains ménages, basées sur le quotient familial. La philosophie de cette tarification est naturellement de faire payer beaucoup plus cher les gros consommateurs et de récompenser les plus sobres. Autorisée par la loi depuis 2010, la mesure paraît couler de source quand on imagine les dépenses en eau pharaoniques de certains ultra-riches, comparées aux efforts d'autres citoyens, qu'ils soient dictés par une nécessité d'économies ou leur conscience écologique. Et pourtant, bien que François Hollande ait proposé en 2012 d'appliquer ce principe au niveau national pour l'eau, l'électricité et le gaz, le dispositif n'a jamais été généralisé. Plus surprenant encore : certains font marche arrière, à l'image de la région de Bruxelles-Capitale, revenue en 2022 à une tarification classique, dite " linéaire ", actant de fait l'échec de la progressivité. Alors, fausse bonne idée ?
Voir le numéro de la revue «L' Obs [Paris], 3051, Jeudi 30 Mars 2023»
Autres articles du numéro «L' Obs [Paris]»