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Chute de la pratique catholique en France autour de 1965 : le précepte dominical malmené (La) / Marie-Berthe Ferrer
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Si les travaux de Guillaume Cuchet montrent que la pratique religieuse baisse fortement en France autour de 1965, avant même la crise de 1968, les raisons qui ont poussé les catholiques à s'affranchir du précepte dominical restent à approfondir. Sans revenir sur les causes sociales, politiques et culturelles, souvent étudiées, qui concourent à expliquer sur le long terme ce mouvement de désaffection pour la messe, cet article examine dans quelle mesure le précepte dominical a pu être fragilisé par certaines orientations du concile Vatican II (1962-1965). S'appuyant sur des documents romains, des ordonnances épiscopales et des sources internes à l'Eglise catholique, de nature canonique, catéchétique et pastorale, trop peu explorées en ce sens par la recherche historique, cette contribution entend évaluer les effets collatéraux, sur le plan de la pratique cultuelle dominicale, des discours et réformes qui ont prévalu dans les paroisses et les diocèses de France, au moment du Concile. Sept problématiques sont étudiées : la conversion pastorale de l'Eglise, la dynamique d'adaptation au monde, l'appel à la liberté et à la diversité, la priorité sociale et caritative, la simplification des rites, la participation active des fidèles, l'indulgence à l'égard des pécheurs et des non-catholiques. L'examen attentif des sources met en évidence que la baisse de la pratique ne doit pas être attribuée à une réforme, un événement ou un texte en particulier, mais plutôt à une atmosphère nouvelle, assez déstabilisante, résultant d'inflexions doctrinales et disciplinaires, impliquant des aspects fondamentaux du précepte dominical.
Voir le numéro de la revue «Revue historique, 701, Janvier 2022»
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