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Introduction / Anne-Lorraine Bujon
Article
Alors que des enquêtes se poursuivent pour déterminer le rôle joué par la diffusion de fausses nouvelles dans la campagne du référendum sur le Brexit ou l'élection de Donald Trump, l'élection présidentielle au Brésil, qui a porté au pouvoir le candidat d'extrême droite Jair Bolsonaro, donne une nouvelle occasion de s'interroger sur l'ampleur et les conséquences de la désinformation orchestrée sur les réseaux sociaux. La question est d'emblée complexe, car si certaines manipulations de l'information sont le fait de puissances étrangères cherchant à influencer les résultats d'élections, d'autres s'expliquent plutôt par le modèle économique des grandes plateformes ou leurs méthodes de catégorisation des publics. L'affaire Cambridge Analytica, qui a révélé l'utilisation de données personnelles échangées sur Facebook pour cibler très précisément certains segments de l'électorat américain en 2016, montre d'ailleurs l'imbrication des enjeux commerciaux et politiques. A cette confusion s'ajoute encore la responsabilité des internautes, qui contribuent par leurs pratiques à la diffusion d'informations douteuses et parfois toxiques. Les manipulations de l'information prospèrent donc sur un terreau bien propre à notre époque, où la défiance des élites se combine à la profusion désordonnée d'informations et de connaissances, à de nouvelles affirmations identitaires ou encore à la pénétration des technologies de l'information et de la communication dans quasiment toutes les dimensions de nos vies.
Voir le numéro de la revue «Esprit, 450, Décembre 2018»
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