0 avis
Climat : limiter l'avion, jusqu'à quel point ? / Thierry Noisette
Article
Les chiffres du transport aérien peuvent se lire avec des lunettes plus ou moins sombres : 1,5% des émissions totales de CO2 de la France, selon la Direction générale de l'aviationcivile (DGAC), c'est peu. Mais à l'échelle mondiale, le secteur représente 2,6% de ces émissions, et pas moins de 5% de l'impact climatique (données de l'école Isae-Supaéro, peu soupçonnable de biais anti-aviation), ce qui devient plus gênant. Surtout, l'association du Transport aérien international (IATA) prévoyait l'an dernier un quasi-doublement du nombre de passagers en moins de vingt ans, de 4,5 milliards en 2019 à 8,2 milliards en 2037 - avant le Covid, certains tablaient même sur un triplement. Les efforts d'innovation mis en avant par les constructeurs aéronautiques et leurs clients pour réduire leur impact climatique suffiront-ils, ne serait-ce qu'à contrebalancer cette croissance annoncée du trafic ? Pour The Shift Project, le groupe de réflexion sur la décarbonation dirigé par l'ingénieur Jean-Marc Jancovici, il est nécessaire que l'Etat organise " dès maintenant la réduction du trafic aérien ". Les propositions de la Convention citoyenne pour le Climat ont été rabotées dans la loi Climat adoptée en 2021. Faut-il s'en remettre à un " solutionnisme " technologique - dont la portée prête à caution - ou à l'inverse adopter des conduites radicales, comme Greta Thunberg allant en Amérique en bateau ? Tenir un double discours, comme un Leonardo DiCaprio très engagé pour l'environnement mais adepte du jet privé, ou s'atteler à de vrais changements ? Gageons que ce débat montera autant que les températures dans les temps à venir.
Voir le numéro de la revue «L' Obs [Paris], 2993, Jeudi 3 Mars 2022»
Autres articles du numéro «L' Obs [Paris]»