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Chemin faisant / Arnaud Villanova
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On ne s'étonnera pas, dans ces conditions, de croiser ici le nom de Georges Lambrichs, successeur de Marcel Arland à la tête de la "NRF" en l'an 1987 et qui avait initié cette merveilleuse collection du " Chemin " qui a repris du service et où brillent les noms de toute une histoire moderne de la littérature française, de Georges Perros à Pierre Guyotat, de Michel Butor à Jacques Réda. Pas trace d'une quelconque velléité théorique : Lambrichs, que nous présente ici Arnaud Villanova, n'avait " rien " à dire, mais beaucoup à écouter, à faire entendre. Aucune révélation à attendre, qui viendrait d'un prophète en mal d'auditoire. Ecouter simplement cette musique du langage, quand il est enfin, au bout d'efforts inouïs, parvenu à se défaire des bavards, des faux silencieux, des pires ennemis de la littérature. Quel programme ! " Vivre avec certaines idées, familièrement me les approprier, les mariner, les éblouir, les fatiguer, les enrichir, les métamorphoser, dans les éclats et les monotonies de ma vie heureusement partagée entre la plénitude et la souffrance quotidiennes. " Il y a une cuisine de l'âme sur laquelle Lambrichs était soigneusement muet, à la manière de ces anonymes du XVIIe siècle, qu'on voit songer, solitaires, à l'arrière-plan de ces banquets flamands pleins de rires et de méditations.
Voir le numéro de la revue «La Nouvelle revue française, 642-643, Juillet - Août 2020»
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