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Enseignant en porte-à-faux (L') / Nicolas Léger
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Lorsqu'on demande à Ludovic, treize ans, comment fonctionne Wikipédia, sa réponse fuse et lui paraît frappée du sceau du bon sens : "Bah, c'est un gros ordinateur qui trie ce qui est vrai et ce qui est faux !". Si la définition est mauvaise, l'élève n'en a pas moins saisi un enjeu très contemporain : comment discriminer le faux et le vrai dans un foisonnement titanesque de données. Mais après tout, combien de professeurs seraient à même d'expliquer le fonctionnement collaboratif du site ou même d'expliquer les critères de sélection de YouTube ou de Google ? A l'heure d'Internet et des médias en continu, le métier d'enseignant est exposé à de nouveaux défis qui conditionnent amplement son quotidien. En classe, il est à un carrefour où se croisent savoirs, éthique, diversités culturelles et actualités. L'enjeu y est de taille : comment, dans sa pratique, en tenir compte et parvenir à hiérarchiser, donner du sens, ou même à déconstruire une vague indéfinie d'informations et de divers discours ? A fortiori lorsque ces discours s'entremêlent de manière parfois ambivalente et prétendent chacun à la véracité. Les fronts sont multiples dès lors qu'il s'agit d'apprendre à l'élève à élaborer un esprit critique, à interpréter des faits à partir de valeurs communes et selon des méthodes probes. Bien souvent, vidéos sensationnalistes, citations tronquées, montages orientés ou pire, dénégations d'événements entrent en concurrence avec la parole de l'enseignant et les savoirs qu'il s'attache à transmettre. Professeurs d'histoire-géographie, de philosophie ou de sciences de la vie et de la Terre ont tous, entre autres, fait l'expérience de cela.
Voir le numéro de la revue «Esprit, 450, Décembre 2018»
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