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Sur le dérèglement institutionnel : La Constitution ou La lettre volée / Pierre Avril
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On connaît le récit d'Edgar Poe : une lettre compromettante, fébrilement recherchée chez celui qui la détenait, s'y trouvait, bien en évidence dans un porte-cartes, mais le préfet de police ne l'avait pas découverte parce que, rompu aux investigations délicates, il s'était tenu dans le cercle de sa spécialité et n'avait pas fait attention à la lettre, simplement retournée avec la suscription d'une autre écriture. Or, dans les discussions d'aujourd'hui, la Constitution ressemble à la lettre volée : la Constitution dont on réclame la révision, voire la disparition, au profit d'une hypothétique VIe République n'est pas le texte publié au "Journal officiel" que tout le monde peut lire, mais celle qu'on imagine à travers la pratique qu'en décrivent les médias ; son incontestable visibilité ne saurait effacer la norme écrite.
Voir le numéro de la revue «Le Débat, 192, Novembre - Décembre 2016»
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