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Walerian Borowczyk. Par-delà le bien et les mâles / Pascal Binétruy
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Au cours des années qui suivirent l'élection de Valéry Giscard d'Estaing à la présidence de la République, en 1974, la censure connut une vacance de près de deux ans, jusqu'à la promulgation de la classification X. Deux films de Borowczyk ont marqué ces années-là : "Contes immoraux" (1974) et "La Bête" (1975). Dans certains cinémas d'art et d'essai qui pensaient sans doute accompagner la rupture des digues morales en consacrant une salle au porno, les films de Borowczyk étaient programmés tantôt dans la salle classée, tantôt dans celle dévolue au vice. Les deux publics se croisaient à la même caisse et certains spectateurs, soucieux de ne pas être trompés sur la marchandise, demandaient mezza voce à la caissière s'il s'agissait bien d'un film porno. Il est vrai que les affiches contribuaient à brouiller les pistes. Celle des "Contes immoraux" représentait une plume de paon posée sur un sexe de femme. Cette toison pubienne irisée par une plume dont le cercle diapré défiait le public avec l'oeil d'Argus, composait une des plus belles images surréalistes qu'on ait placardée à l'entrée d'une salle.
Voir le numéro de la revue «Positif, 685, Mars 2018»
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