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Peut-on ralentir le temps ? / Christophe Rymarski
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Le diagnostic est clair et inquiétant : le temps s'accélère. Nous serions absorbés par le présent qui nous tyrannise. Les choix qui s'offrent à nous sont si nombreux que, incapables de choisir, nous zappons de l'un à l'autre dans une course effrénée. Les statistiques nous montrent pourtant que nous disposons de beaucoup plus de temps que nos ancêtres, grâce notamment aux innovations technologiques qui nous permettent, par exemple, d'envoyer à la vitesse d'un clic une commande à l'autre bout du monde, ce qui nous aurait peut-être pris une année de voyage il y a encore deux siècles. Pourtant, le temps nous est compté : au travail, à la maison, en société, les rôles et les scénarios se multiplient, s'enchaînent et nous épuisent. Il est pourtant possible de ralentir, nous affirment les tenants du mouvement slow, qui militent un peu partout sur la planète afin que la lenteur devienne la norme de nos sociétés. Nous sommes, disent-ils, complices de cette accélération, à nous d'enrayer la machine avant qu'elle soit totalement folle. Nous devons cesser de nous comporter en individus gâtés, capricieux et boulimiques, d'être à l'image de ce que Paul Morand disait : "Tout ce que je fais, je le fais vite et mal, de peur de cesser trop tôt d'en avoir envie." Il s'agit maintenant de faire lentement et bien. Comment ? C'est l'objet d'une partie de ce dossier dans lequel on découvrira les expériences, les succès et les critiques des différents mouvements slow. Qu'il s'agisse de slow food, slowcitta, slow management, slow design... , tous nous invitent à lever le pied, à privilégier la qualité sur la quantité, et affirment qu'un nouvel art de vivre est possible. Ils semblent persuadés que le message martelé depuis des années par la prévention routière peut être élargi à l'ensemble des activités humaines : la vitesse tue.
Voir le numéro de la revue «Sciences humaines, 239, Juillet 2012»
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