Printemps de Bourges 2019
Printemps de Bourges 2018
Printemps de Bourges 2018
Au w
Naya
Seule sur scène. Bande son qui défile. Belle voix.
Juliette Armanet
C’est vrai qu’au premier abord, on a l’impression d’entendre Véronique Sanson, tant au niveau de la voix que des inflexions. Et puis on a également l’impression de l'avoir déjà entendue, soit dans le répertoire de la chanson française soit dans les airs pop très connus qu’on a tous fredonnés un jour ou l’autre. Du coup, on se dit que c’est une artiste qui maîtrise son sujet et qu’elle est certainement une mélomane aguerrie. Mais il faut avouer que plus on avance dans le concert et plus elle nous surprend. Puisqu’elle délaisse un tant soit peu ce fameux répertoire de la chanson et nous transporte dans une électro-dance très festive. Moi qui pensais la voir assise derrière son piano tout au long du concert, elle est bien plus souvent debout à faire le show et à faire partager une joie communicative. Une reprise des Daft Punk très originale en guise de rappel et de départ. C’est tout à son honneur de ne pas finir sur un de ses titres. C’est assez rare pour être noté.
Catherine Ringer
La grande classe. Fraîche, émancipée. A fait le deuil de son compagnon de route, Fred Chichin, c’est certain. Cela explique le nombre de reprises des Rita Mitsouko qu’elle ne s’autorisait pas il n’y a pas encore si longtemps. Pour n’en citer que quelques-unes : « Le Petit Train, Marcia Baïla, Andy… ». C’est le signe qu’elle assume aujourd’hui une forme de liberté en reprenant à son compte des compositions qu’elle et Fred ont composé au sommet de leur carrière et qui lui rappelaient peut-être trop de souvenirs. Trop de nostalgie également ? Ces chansons-hommage qu’on retrouve sur son excellent dernier album (« Chroniques et fantaisies ») sont une autre preuve de cette émancipation, de cet envol, de ce nouveau départ, pourrait-on dire. C’est à la fois triste et beau quand on l’entend fredonner la chanson-hommage dédiée à son partenaire, au grand amour de sa vie qu’a été Fred Chichin, « Tristessa ». Mais ce n’est jamais larmoyant non plus. Elle est fraîche comme jamais. Assume totalement son âge « senior ». Une énergie incroyable. Elle danse, elle est libre. Lève le voile avec lequel elle était arrivée sur scène (comme si c’était pour se débarrasser du poids du deuil ; il y a pourtant dix ans déjà que Fred Chichin nous a quittés). On sent qu’elle est passée à autre chose. Pour l’avoir vue lors de sa tournée précédente avec des compositions et un live plus sombres, les choses ont véritablement changé et c’est une Catherine resplendissante qui s’offre à nous.
Véronique Sanson
C’est une artiste de talent. C’est indéniable. Pianiste émérite. Des musiciens de choix. Pour la plupart des Américains de talent. Un trompettiste et une section de cuivres incroyables. Des percussions et un batteur de folie. Des chœurs qui l’accompagnent et surtout qui pallient ses petites extinctions de voix. Deux guitaristes. Un bassiste. Bref, vous l’avez compris, elle est entourée des meilleurs et c’est un vrai show à l’américaine auquel on assiste. Elle est très souriante. Très joviale. Peut-être un peu trop parfois (comme pour cacher une assurance non assumée ou autre chose ?). Son chant ne change pas avec les années. Ce n’est pas de mon goût, mais c'est subjectif. Et puis elle communique avec son public à chaque transition de chanson. Malheureusement, ce n’est pas toujours très compréhensible. Une artiste vraiment sympa, qui a son public, fidèle et déjà conquis.
Au 22
Inouïs Hip-Hop
Apollo & Scryss
Ce qu'on appelle aujourd'hui du rap conscient, qui touche les gens, les met face à leurs contradictions, leurs valeurs, leurs émotions, leur destin... Un rap qui veut toucher au plus près la personnalité de chacun. Epuré musicalement et volontairement, pour nous pousser dans nos retranchements.
Wilko & NDY
Deux frères marseillais qui ont uni leur talent pour nous proposer un mélange de rap français et d’électro-pop que l’on peut retrouver chez Odezenne ou chez le groupe The Dø. Je rappelle d’ailleurs que Dan Levy (artiste-auteur-compositeur au sein de ce groupe) est le président du jury des Inouïs de cette année 2018, au même titre qu’Orelsan l’année dernière. Et puisque je le cite, je trouve qu’il y a quelques points communs avec ce dernier, surtout quand il est avec Gringe au sein des Casseurs Flowters. On pourrait également citer TTC, autre groupe de rap français qui pratique une forme de dérision. Sincère et simple dans l’attitude.
L’Ordre du Périph
4 MC’s parisiens et un DJ qui ont tous un look totalement différent. C’est assez drôle. Ceci prouve que le rap représente aujourd’hui le mélange des genres. L’Ordre du Périph, c’est avant tout un clin d'oeil à l'Ordre du Phénix d'Harry Potter, puisque cette bande de potes de la banlieue parisienne est fan de la série. Un rap très actuel avec vocoder. Beaucoup d’argot. Une sorte de trap music à la française. Me font penser à 6Lack, performer américain. Leur grande force, c’est donc leur différence puisqu’ils ont chacun un flow qui leur est propre. Rapidité contraste avec tranquillité selon celui qui rappe. Et puis comme c'est souvent le cas aujourd'hui, tous les sons sont enregistrés sur PC ou autres séquenceurs, tables de mixage, etc., mais pas de platines vinyle à l'horizon. Une valeur montante du rap hexagonal. Ont tout de même reçu le prix du jury Inouïs 2018 (au même titre qu’Eddy de Pretto, Fishbach, Last Train, Fauve, Radio Elvis, ou encore Christine and the Queens les années précédentes).
Tracy de Sá
Toute jeune artiste anglo-indienne qui vit à Lyon. Son accent latino vient certainement de ses origines. Un flow de dingue. Un débit extraordinaire. Une sorte de latin-rap très ragga. De par ses origines, son attitude, son phrasé, son flow, il y a des similitudes avec Soom T. Elle mélange en effet flow hip-hop US et ragga jamaïcain comme bon lui semble. Une vraie personnalité. Elle communique énormément. Transmet, donne beaucoup de sa personne. Musicalement très varié. Mélange les sons indiens et latinos avec les sons old school. Utilisation de platines qui renforce ce qui a fait l'histoire du rap. Explique même ce que sont les piliers du rap. Très varié, et ce n'est pas pour nous déplaire.
Angle Mort & Clignotant
Dès le départ, on sait qu'on est en présence de deux petits rigolos qui ne se prennent pas la tête. Ils s'amusent et nous amusent avec des paroles décalées et drôles. Des jeux de mots à ne pas toujours prendre au sérieux. Musique électro pour un rap trap à faire danser.
Lord Esperanza
Un mélange de rap et de R'n'B contemporain. Utilisation de samples vintage et de nombreuses voix féminines. Du jazz, de la soul de la musique latino (cha cha cha, mambo...) et donc du R'n'B. On y entend du China Moses par-ci, un sample de "Maria" de Carlos Santana par-là. Une forme de soul-rap très riche musicalement. On sent une culture certaine qu'il met au profit de sa musique colorée à souhait.
Auditorium
Dom la Nena
Commence seule au violoncelle en toute intimité. Puis vient la voix, les voix, puisqu'elle utilise l'effet loop (pédale qui permet de répéter un son, de mettre en boucle, de multiplier à volonté instruments, voix, effets). Cela lui permet d'alterner et d'assembler les jeux d'archet-picking au violoncelle, la guitalélé (petite guitare), les shakers, différentes petites percussions, le bendir (tambour maghrébin). Alterne chant espagnol, chant brésilien et chant en français, langue qu'elle parle couramment. De nombreux chants enfantins viennent ponctuer le concert. Cette amoureuse de la France est déjà venue à Lignières, festival bien plus que recommandable ! Il faut avouer que de voir un artiste seul sur scène est parfois ennuyeux, même si l'utilisation et la multiplication des boucles fonctionnent à merveille. Ce n'est visuellement pas toujours agréable. Enfin arrive une reprise (toujours seule) à la guitare Telecaster d'un compositeur brésilien qui a travaillé avec le grand Caetano Veloso. Elle a décidément plusieurs cordes à son arc ! Quelques problèmes de sons trop ou pas assez forts viennent gêner quelque peu sa performance. Une belle personne.
Claire Diterzi
Une table. "La cène". Les apôtres. La table des onomatopées. Des percussions. Une voix de haute-contre ou contre-ténor perchée tout en haut d'un échafaudage pour projeter la voix et surtout pour que l'on comprenne qu'il observe la nature puisque passionné de faune et de flore. Lui est le frère d'une sorcière représentée par Claire Diterzi. Jusque-là rien d'anormal !? Bref, on comprendra que tout est prétexte à imagerie. En effet, la musicienne-chanteuse à l’univers très personnel et incisif, Claire Diterzi, cultive un lien étroit avec le spectacle vivant. Spectacle gaiement expérimental, "L’Arbre en poche" réunit sur le plateau, aux côtés de Claire Diterzi, un contre-ténor donc, mais également des comédiens, un acrobate et six percussionnistes. Librement inspiré de certains thèmes du roman "Le Baron perché" d’Italo Calvino, il éclaire notre sombre époque actuelle tout en livrant une ode vibrante à la nature. Du coup, on est quelque peu désorienté, dérangé par cet univers très très contemporain, très théâtralisé et ponctué d'un tas de musiques tout aussi originales les unes que les autres. Assez loufoque. Le côté noir, sombre rencontre le côté ensoleillé... Original, mais déstabilisant... Ça fait du bien dans un monde où nous sommes comme des moutons face à nos attitudes via internet ou tous ces réseaux sociaux qui nous déshumanisent quelque peu... Créativité, créativité, quand tu nous tiens... Bravo.
Au W
L.E.J.
Essaie de surfer sur la vague R'n'B-électro-dance moderne. Nouvel album et donc nouvelles compositions que nous offrent les trois protagonistes féminines. Elles en feront la promotion un peu trop souvent à mon goût. Il y a un côté concert promotionnel. Un poil plus de chant qu'à l'accoutumée. Ont énormément travaillé le visuel. Mais les paroles ne sont pas au rendez-vous, il me semble. Echange d'instruments pour l'aspect scénique et pour que l'on comprenne qu'elles sont multi-fonction. Les reprises de leur premier album feront l'unanimité, mais les nouveaux morceaux me laissent perplexe.
Rag'n'Bone Man
Pourquoi ce son très, trop fort pour un artiste qui n'en a pas besoin ? Sa voix se suffit à elle-même. Artiste anglais incontournable depuis l'énorme succès international du single "Human" et qui a fait de lui une star. Un subtil mélange de blues et de soul qui se frotte parfois à une sorte de rap ou de phrasé rappé. Un sacré petit bout de bonhomme qui chante comme il respire. C'est vrai qu'il donne de la voix. Celui qui a commencé dans un groupe de musique électro les "rag'n'bonez" a bien changé et évolué.
Au Théâtre Jacques Coeur
Tamino
Trio qui se présente tout de noir vêtu. On est tout de suite transporté par une voix très agréable. Varie entre voix de tête et voix de poitrine. On est proche et dans le même état d'esprit que l'année dernière face à Warhaus (groupe belge qui nous avait transporté dans son univers jazzy-pop-soft rock cinématographique). On se surprend à entendre également du Leonard Cohen, Jeff Buckley, Cameron Avery, Jim Morrison, Thomas Azier, The Divine Comedy. Voix grave, voix aiguë. S'amuse invariablement à passer de l'une à l'autre sans difficulté. Une aisance incroyable. Ambiance feutrée. De superbes mélodies pop d'une efficacité redoutable. Une pop certes, mais à laquelle viennent s'ajouter des notes arabisantes très hypnotiques. Comme une transe chamanique parfois. On est en effet face à un leader-chanteur qui nous embarque dans un univers riche et varié. Contraste saisissant entre douceur et une certaine tension où tout s'oppose. Des plaintes pop.
Sandra Nkaké
Ouverture par Jî Drû, son flûtiste qui l'accompagne depuis toujours. Puis, comme une déesse noire, elle arrive et en impose par une prestance indéniable. Grande tigresse qui dévoile un chant mi-grave mi-feutré, mais qui devient puissant quand elle le désire. Un peu de Dee Dee Bridgwater à plusieurs niveaux. Univers jazzy-soul-world qu'elle maîtrise maintenant depuis longtemps, puisque faisant partie de cette scène parisienne qui connaît son sujet. Elle sera chanteuse choriste et accompagnera les plus grands. Juan Rozoff, les Troublemakers, Julien Lourau, China Moses, Push, entre autres, seront ses compagnons de route, avant qu'elle ne poursuive une carrière solo. On sent d'ailleurs qu'elle s'est forgée un sacré bagage musical et qu'elle a dû pas mal tourner pour avoir une telle présence scénique, même si on sent qu'il y a derrière cette femme de poigne une sacrée personnalité. Un vrai voyage musical qui nous transporte parfois jusque dans des contrées africaines avec cette flûte qui semble pousser des cris d'animaux tellement les notes sont appuyées. Aucune démonstration mais une réelle volonté de transcender la musique à travers des voix tribales, des notes puissantes. Un univers parfois proche de bandes originales comme celles de James Bond. Souvenez-vous des Propellerheads et de leur électro-soul qu'on retrouvait sur la B.O. de Matrix et qui avaient réadapté un titre de John Barry, entre autres. C'est de cela dont il s’agit. Et puis au-delà de la musique, chaque pose, interlude est prétexte à diffuser un message, notamment celui de profiter de la vie, de la "mordre à pleines dents", de vivre l'instant présent comme si c'était le dernier, de croquer la vie tant que cela est possible, de partager , de mélanger les gens, les genres. Un vrai discours de solidarité. On retrouve cela dans le très bon album de M et son échappée africaine sur "Lamomali". Elle remercie le public mais également tous ses musiciens, toute l'équipe technique, les artistes avec qui elle partage la scène. Et puis elle rend hommage à Jacques Higelin récemment décédé et avec qui elle a travaillé. Un live haut en couleur. "Soyons fous" sera son dernier message.
Mélanie De Biasio
Une excellente transition avec Sandra Nnaké puisqu'elle arrive avec une flûte jazz, très posée. Et puis le piano jazz et surtout cette voix, une voix très jazzy également. Un jazz posé pourrait-on dire. Tout en retenu. Tout en suspension. Un vrai univers qui lui est propre. Jamais ou presque je n'ai connu une création sonore aussi propre à un artiste. C'est assez rare pour être noté. Pour essayer de faire court et résumer cela avec des mots : ce que nous insuffle Mélanie De Biasio, c'est une musique qui arrête le temps. Comme a pu l'être une certaine musique contemporaine à une certaine époque (John Cage, pour ne citer que lui). Mais là, c'est encore différent. Tout ou presque joue sur la respiration. On perçoit, on entend les souffles du coeur, les battements, une pulsation qui donne le rythme. On l'entend même respirer. L'entrée et la sortie de l'air dans les poumons font partie intégrante de son chant soufflé, feutré, suggéré. Le tout avec une douceur hors-norme. Du coup, c'est très apaisant. On entendrait presque une mouche voler, tellement le calme fait lui aussi partie du show. Le public respecte cela religieusement. C'est comme un don. Et pourtant, quand on sait ce qui lui est arrivé, on comprend mieux certaines choses. En 2002, après une tournée désastreuse en Russie, une grave inflammation pulmonaire la laisse sans voix pendant une année. L'expérience va l'inviter à apprivoiser le silence et la respiration, ainsi que le corps et ses résonances. C'est également très original musicalement puisqu'elle mélange le jazz aux sonorités électro actuelles sans que cela ne soit de l'électro-jazz non plus. Plus précisément, elle prend prétexte des nouvelles technologies pour renforcer son jazz et non l'inverse. C'est pensé, c'est maîtrisé du début à la fin. C'est quasi thérapeutique. Ce n'est jamais démonstratif, jamais poussif. Certains s'en plaindront. Elle joue sur la longueur des notes. Comme une impression de ne jamais finir une séquence musicale. Parfois progressif, parfois pop, parfois électro, parfois jazz traditionnel, parfois de l'americana à la Marc Ribot ou Ry Cooder, parfois de l'improvisation, du free-jazz assez soft, du Miles Davis période « Bitches Brew », libre. Bref, c'est tout cela à la fois. De la musique autant à écouter qu'à voir. Calme et volupté. La claque !
Au 22
The G
Pour les avoir rencontrés dans la semaine, c'est un groupe qui mérite toute notre attention. Deux frères de seulement 14 et 16 ans envoient du lourd. Ils vivent par et pour la musique. On les sent à la fois détachés et impliqués. Ils vivent ce qu'ils font comme quelque chose de naturel et ne se posent pas trop de questions. Ils n'ont pas l'âge pour ça. Il sont même étonnés qu'on puisse être admiratif face à leur maturité musicale. Un à la guitare, l'autre à la batterie. Ça ne vous rappelle pas quelques-unes des formations connues, archi-connues ? Royal Blood, The Black Keys, par exemple. Mais eux, leur coeur balance pour les White Stripes. The "G", c'est pour signifier qu'ils sont fan de "garage", qu'ils distillent comme un bon vieux groupe de rock. Et puis ils admirent également l'énergie de Shaka Ponk. Leur look s'en inspire. Qu'il s'inspire du gros son rock 70's ou du grunge des années 90, ce tout jeune groupe n'a pas fini son ascension et on peut compter sur lui dans les années à venir. Croyez-moi !
Inouïs Pop/Electro/Hip-Hop
Juicy
Un mélange d'autodérision sur fond de new R'n'B très à la mode. Se sont fait connaître en faisant des reprises (comme L.E.J.), mais ce sont des compositions influencées par le hip-hop et assez drôles qu'elles nous livrent au Printemps.
Afrodite
De l'afro-dance ou afro-électro. Beaucoup de références musicales. L'ancien UK Garage s'oppose ou se mélange à la New Jack, mais le R'n'B actuel s'unit également à l'afro-électro très moderne. La pop, la house, des rythmes de carnaval et beaucoup de percussions sont de la partie. Un accent anglais quasi parfait. Les "Destiny's Child" rencontrent "The Noisettes". Un groove indéniable.
Edgar
De l'électro rock 80's qu'on a pu découvrir avec Depeche Mode à une certaine époque. Une culture musicale anglo-saxonne assumée. Un synthé et une guitare pour une fusion créative sans machine.
Kroy
Québécoise. Univers assez sombre. On pense en premier lieu à Kate Bush, à Cure, à New Order, OMD, puis arriveront des références plus modernes comme Massive Attack, Portishead, London Grammar, Birdy ou encore Birdpaula. Un univers singulier. Une voix particulière mais unique. Une électro hypnotique.
Degree
Seul, cet autodidacte arrive à combiner l'électro-folk, le dubstep, l'électro-dub en une seule et même musique. On pense à Fink, à Piers Faccini, à James Blake, à Broken Back, à Jack Johnson, à Jason Mraz. Oui, que des belles références musicales. Mais c'est vraiment la fusion de la folk et de l'électro avec une voix de velours que l'on écoute. Une musique envoûtante.
Flèche Love
Ultra moderne ! Flamenco électro, opéra rock, hip-hop, électro-clash, électro-rock, latino-dance, chanson-rap, électro-pop... Tout se mélange pour un résultat cohérent et tellement original. Un look japonais. Une Nina Hagen des temps modernes. Me fait penser à ce groupe sud-africain et néerlandais que sont Skip & Die qui se permet lui aussi la fusion des genres électro-rock, hip-hop, dustep, bhangra. La plus originale de ce jour.
Auditorium
Veence Hanao & Le Motel
Savant mélange de rap et de chanson. Ou comment fusionner Otzeki et Fauve dans une seule et même musique. Fait partie de cette nouvelle scène avec cette double culture qui est celle de la chanson et du rap / slam. Les samples et les nappes atmosphériques sont subtils. Wax Taylor n'est jamais très loin. Un contraste saisissant entre une ambiance sombre et des interludes très drôles. L'univers musical belge est souvent riche et original. Pensez à Roméo Elvis, Angèle (sa soeur), Lomepal, etc.
Foé
Savant mélange de musique classique et de hip-hop ou tout du moins de "talk over". Un univers assez proche de celui de Alt-J également. J'entends du Benjamin Clementine et ses compositions piano-voix. Voix très grave qui étonne vu son jeune âge. Un bel avenir il me semble.
Feu! Chatterton
La grande nouveauté, c'est indéniablement des compositions beaucoup plus grand public, de l'électro-pop française comme Air, mais également pas mal de rythmique post-punk ou disco-électro-funky à la manière de Franz Ferdinand. Des nappes de synthés peu présentes sur leur tournée précédente. Une volonté de faire danser ou tout simplement une ouverture musicale nouvelle. On aura droit au versant chanson à texte très francophone, vieille France où Brel n'est jamais loin. Des notes de Noir Désir, du Nino Ferrer. Un chanteur conteur d'histoire comme on n'en fait plus. Le chanté-parlé est sa spécialité. Crooner des temps modernes. Une attitude gainsbourienne à souhait. Gentleman musicien. Un sacré live puisqu'ils arrivent à faire lever tout un auditorium assis pour la quasi totalité de leur prestation. Un tournant dans leur carrière.
Palais d'Auron
Angèle
Comme je l'ai précisé plus haut, cette jeune Bruxelloise est la soeur du rappeur Roméo Elvis. Fait partie de cette scène belge montante qui n'hésite pas à mélanger les genres, allant de la pop à l'électro en passant par le chanson-rap. Chante accompagnée de son piano, seule sur scène. Un charisme grandissant. A suivre
Eddy de Pretto
Quelle ascension ! Le seul regret qu'on pourrait avoir dès son arrivée sur scène, c'est de ne pas l'entendre remercier le Printemps de Bourges et les Inouïs 2017 qui ont été un véritable tremplin pour lui. Il le fait certainement en interview, mais c'est toujours plus sympa de le faire face à des personnes qui ont payé pour venir vous voir. Toujours aussi minimaliste scéniquement puisqu'il est seulement accompagné d'un batteur-machiniste qui assure à lui seul tous les sons. Un son très clinquant, très dynamique, clair. Une diction qui étonne toujours. Tout est compréhensible. Pas de show grandiloquent. Fidèle à lui-même dans l'attitude, dans ses habits de scène. Pas de posture exagérée. Des textes qui explosent sur scène. Il vit ce qu'il dit. Très disponible. On sent qu'il n'a pas pris la grosse tête. Un vrai univers qui se trouve toujours entre la chanson de Nougaro et la chanson slamé de Stromae.
Charlotte Gainsbourg
Alors c'est vrai qu'on sent un poil plus de présence sur scène, mais elle a tout de même beaucoup de mal à faire face au public. Elle est, volontairement ou pas, souvent cachée derrière un décor ou derrière son piano qui lui sert de rempart. A encore également du mal à communiquer. Dommage, puisqu'il n'y a pas grand-chose à redire. Tout le reste est d'une exactitude quasi parfaite. De très beaux jeux de lumière et un décor digne de ce nom. Simple, à son image. Des musiciens de qualité qui ne surjouent jamais. Une playlist pop anglo-saxonne qu'elle affectionne tout particulièrement. Fidèle à l'album, avec un peu plus d'aspect rock tout de même. Non, vraiment pas grand-chose à redire, sinon qu'elle devrait assumer pleinement son héritage. On reconnaît parfois l'empreinte paternelle, mélange de pop anglaise et de chanson savamment orchestrée. On l'entend aussi chez sa soeur, Lou Doillon.
Au W
Orelsan
Plein à craquer ! C'est évident vu le succès de son dernier album "La fête est finie". Et puis on se surprend à voir beaucoup de musiciens qui l'accompagnent. Cela montre son ouverture d'esprit et sa capacité à mélanger les genres. On note donc une section de groupe de rock traditionnel, à savoir basse-batterie-guitare mais également un pianiste, un percussioniste, etc. Il ne sera jamais dans la démonstration et reste d'une simplicité hallucinante ("Simple/Basique"). Il communique à merveille. Des textes compréhensibles, nets, précis. Les mots claquent comme aux premiers jours. Et puis c'est toute une rétrospective à laquelle on aura droit puisqu'il reprendra des anciens titres de différents albums et non pas seulement les grands succès du dernier tels que "la fête est finie", " Basique" ou "Tout va bien". Scéniquement parfait. Va à la rencontre de son public . Ira même jusqu'à se jeter dans la fosse pour être au plus près des gens et pouvoir les toucher, ressentir les émotions... Anecdote amusante : il aura du mal à remonter sur scène, ce qui provoquera quelques rires. A quand le sport, Orel ?
Au 22 est et ouest
L'Impératrice
Du disco-funk à la française. Tout le monde danse, c'est plutôt bon signe. Efficace. Met en joie. C'est une très bonne surprise, encore mieux que sur l'album. Plus instrumental, plus dansant. J'avais eu cette impression quand j'avais découvert le groupe australien The Parcels, l'année dernière, dans cette même salle. Joyeux, communicatif.
Concrete Knives
Dans la même veine que François & The Atlas Mountain, à savoir un rock afro assez répétitif. C'est bien fait, mais ça manque peut-être un peu de folie.
Irène Drésel
Diplômée des Beaux-Arts, Irène Drésel s’est plongée corps et âme dans la musique, après avoir composé la bande-son d’une de ses expositions. Depuis, elle produit une musique douce et aride. Très ou trop techno pour correspondre aux schémas radiophoniques, elle s’inscrit, je pense, dans la démarche de musiciens comme Nathan Fake. Beaucoup de projections visuelles pour rendre le live distrayant. A noter que les gens ont beaucoup aimé Tshegue et Mahalia que je n'ai pu voir.
La Halle au Blé
Soom T
Artiste que j'ai vue également plusieurs fois. C'est toujours aussi bien. Un savant mélange de rap-ragga-dub et de groove. Cette Indo-Anglaise née à Glasgow mérite vraiment le statut d'artiste qu'elle a aujourd'hui du fait de son travail et de ses années de galère. Petite et frêle, mais néanmoins une grande dame. Une voix hors du commun, reconnaissable entre mille.
Jeudi 26 avril
Scène ouverte
Théo Lawrence & The Hearts
Groupe de rock-soul français. Assez incroyable puisque c’est tout un pan de la musique américaine que l’on retrouve ici. La soul, le rock à la Pretty Woman de Roy Orbison, le blues, le rock sudiste. On y entend du Howlin’ Wolf, du Bo Diddley, la soul d’Al Green et toute cette énergie du rock US des années 50-60 revisité. Rock vintage au bon sens du terme. Il faut dire qu’ils sont partis aux Etats-Unis pour un périple initiatique. Ils ont traversé Nashville, Memphis, La Nouvelle-Orléans. Ceci expliquant peut-être cela. Leur album « Homemade Lemonade » est un must du genre qui fera date. Le live est bien plus qu’à la hauteur de l’enregistrement studio. C’est même encore mieux que je ne l’avais espéré. Si jeunes et déjà si talentueux. De très bons musiciens. Une voix à tomber par terre, comme s’il avait déjà vécu la moitié de sa vie à écumer les vieux bars. Voix chaude, profonde. Des arrangements subtils. Tout y est. Un vrai coup de cœur.
Inouïs chanson
Novembre
Ambiance assez sombre, noire. Textes qui vont dans ce sens, comme on a pu l'entendre chez le très regretté Bashung, certainement une référence pour eux. Les deux artistes unissent leurs univers, à savoir le metal et le hip-hop, pour un résultat intéressant : entre lenteur atmosphérique et lourdeur des ambiances scandées.
Posterboy Machine
Que des boîtes à rythmes. Pas de batterie. Mais ça, on commence à y être habitué. Ambiance des années 80. Musicalement du déjà-vu. Etienne Daho, New Order, ou encore Partenaire Particulier s'invitent à la table de Romain Muller (son vrai nom). Pas ma tasse de thé mais bon, il en faut pour tous les goûts.
Aloïse Sauvage
Actrice, danseuse, chanteuse. Beaucoup de cordes à son arc. Beaucoup de talent aussi. Alors oui, osons la comparaison: c'est vrai qu'on a l'impression de voir Eddy de Pretto ou encore Stromae au féminin. Entre rap, slam et chanson donc, mais avec en plus un jeu de scène incroyable. Elle utilise tout l'espace à elle seule. C'est assez bluffant. Une nouvelle Christine and the Queens (enfin "Chris" pour son nouveau projet). Elle peut en effet se permettre sans aucun problème de mélanger la danse et le chant . Une présence incroyable malgré son jeune âge. Un univers déjà complet. Elle rappe juste et avec une diction parfaite. Les transitions sont drôles. Elle aime ce qu'elle fait , ce qu'elle transmet. Le tout avec humilité. Un rapport à la scène tellement évident. Pour ceux que ça intéresse, vous pourrez la voir dans "120 battements par minute", film sur le sida et l'univers gay qui a défrayé quelque peu la chronique, ou encore "Django" pour ne citer que ces deux-là. Artiste libre, joyeuse, pleine de vie, et d'une singularité affirmée. Quand un artiste se distingue autant par sa personnalité, c'est souvent bon signe. Elle aurait mérité le prix Découverte. Ce n'est que mon avis.
Claire Faravarjoo
Elle aussi a un amour pour la danse et la chanson. Guitariste émérite, elle assure seule son spectacle sur des rythmiques électro quelque peu inattendues.
Malik Djoudi
De l'électro-pop-chanson comme on a pu en entendre avec Kid Francescoli les années passées au Printemps de Bourges. Accompagné d'un bassiste-machiniste qui mixe la totalité du set. Il se sert des machines pour qu'on ait l'impression d'être en présence d'un tas de musiciens. La voix androgyne de Malik est systématiquement doublée pour donner cette impression d'avoir deux chanteurs. Bien plus qu'un simple écho. Et puis il est à noter que ce chanteur à la voix fragile et émouvante se sert d'un micro filaire. Le vintage revient en force.
Oré
Un côté un peu suranné, pas complètement démodé non plus, mais un peu daté. Une fois encore - et on sent que c'est très tendance - cette toute jeune artiste propose une chanson slam rap très (trop ?) à la mode, mais tendance Ménélik ou encore Alliance Ethnik, en un peu moins bien. Alors c'est un peu dur comme jugement, mais c'est le mien. Old school mais pas du meilleur acabit.
Terrenoire
Ces deux frères nous emmènent du côté de la poésie urbaine, toujours entre chanson et rap sur fond de musique électro. La vraie chanson à texte n'aura pas été représentée cette année.
Auditorium
Matt Holubowski
Québécois de Montréal, il impose le respect avec une entrée fracassante tout en arpèges. Un jeu de guitare avec des harmoniques de légende. Plus il joue, plus on se dit que c'est un très bon guitariste. C'est certain. Puis arrive une violoncelliste, un autre guitariste, un batteur, un bassiste-claviériste. Une formation country-folk rock. On entend du Dylan, mais aussi du Ben Folds Five, du Hugh Coltman, du Cameron Avery, du Josh Tillman, du Rufus Wainwright, du Charlie Winston, du Patrick Watson, du Fink, du Damien Rice... Oui, que des bras cassés ! Véritablement un bel artiste, bel univers folk rock. Du grand folk rock. A la limite de l'americana dark. Belle surprise !
Hollydays
De la chanson française. Un peu de Louane pour ce côté chanson à texte mais très contemporaine, nouvelle génération. Des paroles compréhensibles. Et puis on se surprend à entendre du bon vieux rock également, façon Téléphone. Pour résumer, un univers qui se situe entre chanson actuelle et soft-rock.
Alela Diane
Comme on pouvait s'y attendre, elle a fait son spectacle depuis son piano, instrument qui lui a servi pour composer les titres de son dernier album. Elle délaisse en effet un peu sa guitare folk Martin, même si elle ne peut s'empêcher de la toucher sur un ou deux titres. Mais voilà, c'est une Alela Diane nouvelle qu'on découvre. Tant au niveau des compositions que de l'instrumentation. Elle est accompagnée d'une flûtiste (flûte traversière et flûte à bec) et d'une violoncelliste-violoniste. Cela donne des couleurs world music comme on peut l'entendre chez Enya, par exemple. Le folk reste présent en grande partie, mais il diffère de ce qu'il était avant. Moins roots, plus ouvert, plus pop dans l'idée. Elton John rencontre Agnes Obel. Kate Bush versus Joan Baez. Donc oui, bien évidemment, le folk est bien là mais moins dans un état d'esprit old school, ou vieux folk familial comme elle en avait l'habitude. Et puis ce qui est intéressant, c'est d'entendre sa voix qui n'est pas la même du tout selon qu'elle joue du piano ou de la guitare. Voix bien plus claire, projetée quand elle est derrière son piano alors qu'elle est plus feutrée, plus chaude avec un accent plus prononcé quand elle reprend sa bonne vielle guitare. Tout cela n'enlève rien au fait que tout ce qu'elle propose est de grande qualité. Femme simple et qui remercie une fois de plus d'être ici en France, au Printemps. Elle rappelle que 10 ans se sont écoulés depuis son dernier passage à Bourges, et elle s'en amuse. Moins fragile également. Plus femme, plus mature, moins la petite fille de la famille qui se produisait sur scène avec papa et toute la fratrie familiale. Une émancipation certaine. C'est d'ailleurs également le thème de ses dernières chansons, il me semble. Une communication honnête et sincère. Une belle artiste, arrivée peut-être à maturité artistique.
Au W
Hollysis
De son vrai nom Cécile Crochon (pas très glamour), cette jeune actrice-chanteuse française a déjà de beaux bagages pour réussir dans ce métier. Fait du théâtre, du cinéma (vous la retrouvez dans les séries « Sex and the city » et « Clara Sheller », dans les films « Nous étions libres », « Ma vie en l’air », « Le premier jour du reste de ta vie », et bien d’autres encore). Parlant italien, elle aura un rôle dans « Ex » de Fausto Brizzi. On la retrouve dans « Paris à tout prix ». Bref, vous comprenez qu’elle en a sous le pied la petite. Elle décide de se consacrer à la musique en 2008 et composera toutes ses chansons. Pas complètement bête la nana. Et puis elle fera la connaissance de Yodelice lors de ses premières dates et ses premières parties de concert, ainsi que d’Indochine, Julien Doré ou les Brigitte. Elle ne choisit pas non plus les moins connus. Yodelice donc (Maxime Nucci), qui produira son dernier album et qui va la propulser vers un succès mérité puisqu’il va également composer certains de ses nouveaux titres. Connaissant l’univers de ce dernier, la qualité musicale était à prévoir. Il a composé pour les plus grands, Johnny entre autres. On est donc face à une artiste accomplie, dans une veine proche de celle de Blondie, en plus moderne et plus pop-rock dansante limite électro parfois. C’est vraiment pas mal du tout sur scène. Ça manque peut-être un peu de musiciens, mais j’ai vraiment apprécié l’univers qu’elle propose et je pense qu’elle n’a pas fini de nous étonner. L’album est à la hauteur des très bons albums pop et c’est très varié. Chapeau bas. Bon allez, je peux vous le dire maintenant, c’est la demi-sœur de Vincent Cassel (fille de Jean Pierre donc) et de Mathias Cassel (Rockin Squat du groupe Assassin). Oui, alors vous allez dire je comprends mieux l’entourage et donc la popularité, mais elle a choisi le nom d’Hollysis pour se défaire de ce bagage patronymique, et c’est tout à son honneur. C’est pour cela que je n’ai pas commencé par la situer au niveau familial, sinon vous n’auriez peut-être pas lu le reste. Ceci étant, allez voir le nombre incalculable de films dans lesquels on la retrouve, c’est assez bluffant.
Ibeyi
De très belles tenues de scène. Très africaines. Un jeu de scène très travaillé. Beaucoup de percussions, évidemment, puisque c’est une des marques de fabrique du duo féminin (je rappelle qu’elles sont sœurs jumelles, que Ibeyi veut dire jumelles en langue Yoruba et que leur père n’était autre que le percussionniste cubain Anga Diaz). Elles sont élevées dans un univers musical riche en rythmes et étudieront d’ailleurs les musiques folkloriques Yoruba au même titre que le cajon, l’instrument de prédilection de leur père au sein du Buena Vista Social Club. Elles arrivent à combiner les musiques traditionnelles avec les musiques actuelles, telles que l’électro, le hip-hop, la soul. C’est très très intéressant sur album donc, mais je trouve que le rendu sur scène n’est pas à la hauteur du travail de studio. Attention, c’est professionnellement irréprochable mais il m’a manqué un petit quelque chose. Le son était trop fort pour qu'on puisse apprécier tous ces modes répétitifs. Les voix se complètent formidablement bien. Et je les ai trouvées un poil agressives dans leur manière de transmettre leur musique. Certes, il y a dernière tout cela des messages à faire passer, mais pas à n’importe quel prix. Un bel univers tout de même. A noter qu'elles ont réussi à attirer l’attention des plus grands musiciens (Meshell Ndegeocello, Kamasi Washington, Chilly Gonzales…), preuve qu’elles sont créatives et intéressantes.
Au Palais d’Auron
Hollie Cook
Du reggae tropical. C’est comme ça que je m’amuse à décrire la musique de cette chanteuse anglaise. Fille de Paul Cook, batteur des Sex Pistols, elle grandit dans un univers rock assez indépendant. Sa mère était choriste de Culture Club et son parrain n’est autre que Boy George. Vous situez mieux le personnage. Elle débute d’ailleurs sa carrière dans un groupe punk féminin « The Slits ». Puis elle fera la rencontre de Prince Fatty qui lui fait découvrir l’univers du reggae. Et c’est tant mieux pour nous puisque j’adore l’univers de cette fille. C’est solaire. C’est frais. Ce qui est intéressant, c'est ce mélange des cultures, à savoir un esprit rock pour une musique calme et langoureuse. On retrouve la touche pop anglo-saxonne dans bon nombre de titres. C'est vraiment ce qui séduit avant tout. On retrouve cela dans de nombeux groupes de reggae anglais . Ce n'est pas du reggae jamaïcain, c'est flagrant. Il y a cette culture qui rend un son plus "rude", plus rock, qu'on le veuille ou non. A côté de cela, les titres sont d'une douceur, d'une lenteur répétitive volontaire qui donne à ce reggae tout un tas de couleurs végétales. Pas de chichis sur scène non plus. une démarche simple et sincère. Pas de grandiloquence, pas de posture calculée. La musique avant tout. Allez découvrir ses albums, vivement conseillés si on aime le reggae.
Alice Merton
Alors là, c'est une belle surprise puisque je ne connaissais pas bien cette anglo-saxonne. Une énorme présence pour un si petit bout de femme. Pop-rock, disco-rock, post-rock à la Franz Ferdinand. Très énergique. Dansant. Tout le monde semble surpris par la qualité, tant sur le plan musical que sur celui de la présence scénique. Un combo rock comme on n'en fait de moins en moins. Et puis elle fait énormément d'efforts pour parler français. Ça aussi c'est à noter. Une très très belle surprise une fois encore.
Au W
Shaka Ponk
Alors on connaît leur univers depuis maintenant un bon nombre d'années. On ne change pas une formule gagnante. Un gros son et une énorme présence physique (jusqu'à se jeter dans la fosse) qui a toujours été leur marque de fabrique. C'est encore le cas ce soir devant un public venu en partie pour eux. C'est rock à souhait. C'est hardcore et d'une énergie incroyable. C'est le feu. Mais c'est également très pacifique dans le discours. Puisque "Evol", leur dernier album, se veut aussi parfois plus coloré, plus calme, plus pop, plus fusion des genres. Le discours invite à aller vers plus de rassemblement, à bien vivre les uns avec les autres, main dans la main. Ce n'est pas le monde des Bisounours, mais ils espèrent un meilleur monde dans des tas de domaines. C'est ainsi qu'il faut comprendre le terme "evol" : "love" à rebours. Donc un monde meilleur qui n'enlève en rien la rage de dire les choses, de se transfigurer sur scène, de se transcender. Du bon vieux rock français comme à ses débuts avec Skip The Use (groupe de Matt Bastard, qui se produit maintenant en solo). Une très bonne prestation et un rapport à la scène évident. Groupe rôdé et taillé pour de grosses scènes. Toujours beaucoup de mouvements. Des projections sur grand écran (leur fameuse mascotte, le gorille que l'on a l'habitude de voir depuis longtemps). Le groupe français à voir au moins une fois en live.
Au Palais d'Auron
Matt Bastard
Comme je vous le disais plus haut , Matt Bastard est l'ancien leader des Skip The Use. Le groupe s'est reformé sans lui et sous le nom de No Face. Il a préféré suivre son petit bonhomme de chemin en solo pour mieux se ressourcer musicalement. Il était en quête d'autre chose. Ce sont ses propres mots puisque j'ai eu l'occasion de discuter avec lui l'année dernière quand il était président du jury des Inouïs. Sur scène comme sur son excellent album, c'est beaucoup plus riche et plus varié qu'avec les Skip The Use puisque c'était une volonté de mélanger les genres et de ne pas simplement proposer un rock dur. On passe d'une pop américaine (il vit aux Etats-Unis, à Los Angeles depuis quelque temps déjà) à un rock fusion limite hardcore, pour revenir à une pop plus soft. On écoute également du reggae, de l'électro, du grunge, etc. Les Foo Fighters, Marroon 5, Imagine Dragons sont des références auxquelles on pourrait penser. Mais il y a également les Clash ou toute cette scène qui a su mélanger le rock le plus dur avec le ska, le reggae, en passant par la pop. Voilà ce que propose aujourd'hui Matt Bastard avec son album "LOOV" (comprendre Love, décidément) et tous ces mélanges très pop, très frais, toujours variés mais avec une forme d'unité tout de même. Un gars sympa et une musique vivement recommandée.
A l'Ecole de Cirque
Nick Garrie
Vieux roublard qui n'avait plus de maison d'édition il y a encore peu de temps. Folkeux de renom des années 60-70 qui a enregistré un album magnifique, "The Nightmare of J.B. Stanislas" (avec le frère de Sylvie Vartan), et qui n'a peut-être pas pu supporter sa popularité. Nick Garrie disparaît donc du circuit musical et on doit son grand retour au label indépendant allemand Tapete Records. Ceci étant, c'est pour notre plus grand bonheur puisque ce grand musicien nous enchante avec ses ritournelles folk à l'anglaise. C'est joué et interpreté avec tant d'humilité et de simplicité qu'on est charmé par son univers. C'est honnête et conté comme l'ont fait autrefois Joan Baez, Bob Dylan et Neil Young. Oui, on est bien dans cet état d'esprit. Et puis il est un poil gauche, s'excusant presque d'être ici et de nous prendre un peu de temps. Fait tomber sa guitare, parle d'une petite voix très douce, mais quand il se met à chanter tout devient beaucoup plus clair, limpide. C'est calme et ça colle vraiment à ce lieu qu'on croirait sorti de nulle part. Nous sommes très peu nombreux devant lui sur des chaises ou des estrades de fortune montées dans ce cirque pas très grand. C'est intime et c'est très bien comme ça. C'est presque comme un concert privé. On se croirait dans notre salon et cela donne une promiscuité très agréable. Une bonne introduction à ce qui va suivre, à savoir Hugh Coltman.
Hugh Coltman
Autant le dire tout de suite, c'est une grande prestation à laquelle on a eu droit. C'est encore mieux que sur album et ça, c'est la marque des plus grands. "Who's happy", son dernier album, est un album enregistré à la Nouvelle-Orléans, donc très "jazz New Orleans", avec ce que cela comporte de cuivres et d'influences big-bang très roots, très musiques de carnaval et de fêtes de rue. Le jazz qu'il affectionne puisqu'il avait déjà collaboré avec Eric Legnini sur différents projets. Mais on retrouve également une bonne dose de blues, de soul et de folk très crasseux pour une sorte d'hommage aux racines de la musique noire américaine. Une section de cuivres digne des plus grands avec trompette, saxophone, tuba, clarinette et un batteur très jazz. Un pianiste à l'orgue Hammond et surtout le très grand "colonel" comme il s’amuse à l'appeler, Freddy Koella, grand guitariste de jazz et qui a collaboré à son dernier projet pour son plus grand bonheur. Une présence et une voix incroyables. Très sympa et parle très bien français, ce qui lui permet de communiquer facilement avec nous et en toute simplicité. Drôle, cool, sensuel, explosif, il est tout cela à la fois. Il y met tout son coeur, toute son âme. On sent qu'il aime cela et que la musique lui permet de s'émanciper, de trouver une joie qu'il partage. Presque comme une rédemption. Je le disais, une voix extraordinaire, tant dans les graves que dans les aigus. Voix rauque, éraillée, mais qui ne l’empêche pas de monter très haut dans les aigus. Attendrissant quand il nous fait partager la chanson hommage à son fils. Une autre très drôle sur sa première expérience sexuelle dans un cimetière. Des interludes qui permettent aux musiciens d’improviser et de s’exprimer librement comme cela se faisait avec le grand jazz des années 60-70, où l’on pouvait encore écouter de longues sessions instrumentales. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. C’est professionnel mais jamais consensuel. Il y avait longtemps qu’un artiste ne m’avait pas procuré autant de satisfaction à tous les niveaux. La classe. La grande classe.
Au 22
Zeal & ardor
Ouah, une étrange sensation m’envahit. Je trouve cela tout de suite très très intéressant puisque à la fois agréablement surpris mais quelque peu interloqué tant c’est original. Enfin presque, puisque j’avais déjà , il y a peu de temps, écouté ce genre de mélange inattendu avec le groupe Algiers, à savoir un mélange de métal et de musiques afro-américaines comme le gospel, la soul ou encore le blues. Attention, quand je dis métal, c’est du gros métal bien lourd, très sombre, très dark. Et du coup, il y a un contraste avec cette soul, ce gospel très suave, très doux. L’outre-tombe rencontre la sensualité. C’est remarquablement bien fait. C’est à la fois lourd, bourrin et subtil. Le groupe, mais surtout celui qui est derrière ce projet, Manuel Gagneux, nous embarque dans son univers avec une telle aisance et avec une telle facilité qu’on a l’impression que ce style a toujours plus ou moins existé, ce qui n’est pas complètement faux. Mais jamais il n’y a eu autant, je pense, de contraste musical. Alors, vous allez dire que oui, le rock n’existerait pas sans le blues et les autres musiques noires. Mais vous oubliez aussi que le rock industriel allemand, que le rock scandinave, sont passés par là et ont donné une autre couleur à toutes ces musiques afro. Bref, quoi qu’il en soit, c’est surprenant tant c’est magistralement exécuté. Une main de fer dans un gant de velours. Retenez bien ce nom, « Zeal & Ardor », qu’on n'est pas près d’oublier. Un album qui se nomme « Stranger fruit » ne pouvait qu’être à la hauteur de sa référence.
Les Inouïs électro
Dampa
Ragga électro. Un gars, une fille, pour une transe expérimentale assez efficace. Pas complètement convaincu, même si elle a une bonne présence sur scène. A suivre.
Saro
Du « human beat box » comme on n'en fait plus. Pour ceux qui ne le savent pas, cela consiste à imiter tous les sons, voix, instruments, avec la bouche uniquement. C’est Sly, de l’ancien groupe Saïan Supa Crew, qui était un grand spécialiste de cette technique qu’il a partagée avec d’autres et notamment Camille. Il existe des rencontres-concours qu’il a même gagnées à plusieurs reprises. Faada freddy, passé il y a peu au Printemps, utilise lui aussi cette technique. Saro mixe cela au moyen de sampleurs et autres pads très à la mode. A l'heure actuelle, je ne crois pas qu’on trouve beaucoup de musiciens n’utilisant pas ces échantillonneurs ou « loopstation », comme on les appelle également. Il auto-enregistre ainsi en live toutes ses voix, qu’il réinjecte et modifie dans ses « pads », à sa convenance. Il arrête et reprend certains sons, modifie la rapidité, les fréquences. Il maîtrise parfaitement sa « mix station ». Electro, hip-hop, trap ou bass music en passant par l’électro-pop ou la deep house, tout y passe et son set monte vraiment en puissance. C’est même à la limite de la techno parfois. Assez bluffant.
Parquet
Une électro faite avec des instruments seulement. Quintet électrique instrumental donc. On est en présence de rock comme le krautrock allemand des années 70 qui jouait sur les modes répétitifs. On se rappelle Neu, Can, entre autres. La pulse est le leitmotiv. C’est une musique qui nécessite une écoute attentive puisqu’ elle monte en puissance lentement et progressivement. Pas de voix. Tout se fait essentiellement avec les guitares et la batterie qui rythme métronomiquement la musique. Très concentrés, le regard fixe, au loin, comme pour ne pas se laisser déconcentrer. Les fins de titres sont toutes explosives. L’apothéose. Très techniques et sûr d’eux. Une nouvelle ère pour les musiques tonales et répétitives.
Apollo Noir
Un petit problème technique engendrera 1/4 h de retard. Ça ne l’a pas empêché de recevoir le prix des musiques électro, Printemps de Bourges, Crédit Mutuel Inouïs 2018. Electronica, jungle, drum’n’bass ou encore électro-tech. Jamais de gros sons, toujours dans la suggestion. Entre Matmos et Goldie. Entre Vangelis et le rock indus. Coupe et recoupe tous ses sons. Musique assez déconstruite. Une vraie création sonore.
Brook Line
Techno sombre pour un univers cinématographique à tendance « films noirs » ou encore ces vieux thrillers, ou vieux policiers. Son nom serait même une référence au nom du soldat dans le film de Kubrick « Full Metal Jacket ». Vous voyez l’ambiance.
Azur
House anesthésique, très calme mais pas forcément endormante. Non, plutôt tropical, exotique, décontractante. Un effet de bien-être.
Péroké
Duo tourangeaux qui mélange les sons occidentaux électro aux sonorités africaines comme celles du Nigéria (Lagos) ou de l'Ethiopie (Addis-Abeba). Original et très dansant.
Auditorium
Isaac Gracie
Très jeune chanteur-guitariste anglais (23 ans) mais avec une maturité déjà solide. S’entoure d’un bassiste et d’un batteur seulement. Le combo rock par excellence. Ne tournons pas autour du pot : nous sommes peut-être en présence du nouveau Jeff Buckley. On est également proche de Kurt Cobain ou des Foo Fighters version acoustique, de Chris Isaac pour le côté blues-folk soulfull, ou encore de Damien Rice ou des Snow Patrol pour la pop-folk très calme. Un crooner folk comme on n'en a pas découvert depuis un moment. Americana, pop, soft-rock, il peut facilement enchaîner tous ces styles sans aucun problème. Certes, il y a quelques imperfections mais c’est la jeunesse qui parle et c’est ce qui le rend encore plus juste dans sa manière de nous embarquer dans son univers. Petit blondinet qui ne paie pas de mine, mais qui a déjà beaucoup de talent. Album hommage à sa mère, aux mères. Une vraie découverte en ce qui me concerne.
Melissa Laveaux
Pas nouvelle dans le circuit indépendant de la musique puisque cela fait maintenant un moment qu’elle enchaîne les albums chez le label No Format (je vous laisse découvrir tous les artistes de talent que le label propose). Alors, ce n’est pas seulement son univers folk si singulier qu’elle présente aujourd’hui mais son album hommage aux musiques haïtiennes « Radyo Siwèl ». La chanteuse canadienne avait en effet l’habitude de chanter en anglais ou en français sur des albums à l’ambiance blues-folk, même si les influences créoles étaient déjà présentes. Là, c’est tout un album et donc un répertoire de musiques traditionnelles haïtiennes qu’elle nous dévoile et c’est magistralement interprété. Elle s’est essentiellement inspirée des musiques du début du siècle dernier et notamment des musiques contestataires de la population haïtienne encore sous l’emprise des colonisateurs américains. C’est musicalement très riche puisqu’elle mélange tous ces sons ancestraux aux musiques qu’elle affectionne, comme la folk, la soul, l’afro-beat, l’afro-funk ou autres vieux blues. Mais c’est également et surtout le vaudou haïtien qu’on entend à travers ces textes contestataires. Ces chansons évoquent l’histoire de ces peuples sous l'occupant américain, tourné en dérision à travers des textes en créole. C’est cela que Mélissa raconte. Il faut savoir que les colonisateurs américains avaient peur des rites vaudous et cela a donné naissance à des chansons révolutionnaires, revendicatives, qu’elle se réapproprie. Peu importe la barrière de la langue, elle nous transmet tout un pan de l’histoire de la musique haïtienne comme a pu le faire Toto Bissainthe à une époque (que je vous conseille). Suit les traces d’Angélique Kidjo et s'imprègne de la polyrythmie des musiques africaines. Le contre-temps est également très reprensenté. le reggae montre le bout de son nez. Et oui, c'est riche, varié. c'est rock, c'est folk donc, c'est afro, c'est soul, c'est world. Bref, c'est tout ça à la fois. Cela procure de fortes émotions. Un album qui fera date, j'en suis sûr.
Ben Mazué
Une fois encore, c'est une très très grande surprise. Compliqué de commencer tellement c'est prolifique. C'est un vrai spectacle auquel on assiste. Un one-man-show drôle, triste, sensible, intelligent. Il n'y a pas assez de synonymes pour dire combien c'était intéressant, tant au niveau de la musicalité que de l'univers théatral qu'il propose. Alors pour essayer de faire simple, il a construit un spectacle où il se met lui-même en scène. Il raconte le scénario dont il est le protagoniste, dont il a écrit la bande originale, et il fait son autoportrait en homme plus âgé. Ça peut paraître compliqué mais ça ne l'est pas. Non, il n'est pas schizophrène, enfin pas à ma connaissance. C'est surtout subtilement trouvé. Cela lui permet de rebondir et de nous faire partager tout un tas d'univers sonores différents, selon le moment où l'on se trouve : moment de la construction du scénario, moment présent, moment du tournage. Bon, là j'en ai perdu une vingtaine. L'exercice pourrait paraître périlleux, mais c'est interprété avec énormément d'intelligence, de sympathie, de sincérité. Une envie de transmettre incroyable. On est abasourdi par tant de registres musicaux. On avait plutôt l'habitude de le voir seul, en train de slamer ses textes. C'est toujours ce qui fait sa force aujourd'hui, puisqu'il garde cette facilité à livrer les mots comme il avait coutume de le faire. Mais ce qui impressionne le plus, c'est cette faculté de passer d'un univers à un autre avec autant de facilité. On passe invariablement de Féfé à Orelsan. On retrouve du Bruel, du Vianney, du Gaël Faye, du Christophe Maé, du Jack Johnson, du Vincent Delerm, du Berger, du Marvin Gaye (et oui, sur un titre). C'est Anaïs au masculin, elle qui a un parcours un peu similaire et qui, comme lui, passe sans difficulté d'un style à l'autre. Chaque intermède est aussi pour lui l'occasion d'expliquer son projet. Musicalement, on passe du rap au slam, du R'n'B à la soul vintage, du folk à la chanson. L'élocution s'accélère, puis on se repose sur des comptines, des berceuses. C'est rock, c'est pop, c'est frais. Tout y passe, vraiment. on ne s'ennuie jamais. Il est accompagné de son seul et unique musicien, programmateur, pianiste, sans qui il n'aurait jamais pu construire cette imagerie musicale. Lui chante formidablement bien. Il s'accompagne ou non de sa guitare, chante en anglais, en français. Un véritable univers, dans lequel il rend hommage aux femmes. Ecoutez son album, c'est simple et bien écrit.
Ecole de Cirque
Adrian Crawley
Très très sarcastique. Il nous prévient que c'est un gars drôle dans la vie, mais que ses chansons sont tristes à mourir. Alors oui, c'est très mélancolique, mais jamais ennuyeux. C'est un univers où le silence, la retenue sont omniprésents. Un univers qui nous embarque vers des contrées lointaines. Images des grands espaces. Du folk, de l'americana. Une atmosphère de tranquillité, de sobriété. Prendre le temps, se poser dans ce monde en perpétuel mouvement. Ambiance à la Pink Floyd, à la Leonard Cohen, à la Mark Knopfler. La guitare est juste suggérée. Le piano, l'orgue, mais surtout le mellotron sont joués avec retenue. Parle français quand il explique les thématiques et les choix de ses chansons, de sa musique. Et c'est vrai qu'il est drôle. Puis il repart avec cette musique d'une spiritualité imaginée, très religieuse. Une voix chaude et sensuelle. C'est sombre mais tellement beau. C'est apaisant au possible. Calme et volupté. Un moment d'égarement, ça fait du bien.
Christopher Paul Strelling
Idem, la claque ! Mais à l'inverse de son acolyte folkeux, c'est une boule d'énergie survitaminée. Folk irlandais. Un guitariste hors pair, vraiment, une technique de folie. Arpèges, picking, d'une rapidité mais d'une justesse incroyables. Kelly Joe Phelps en plus rapide encore. Tout y passe également, même si on reste dans un registre folk à l'américaine : la country, le blues, l'americana, le folk le plus terreux, les musiques traditionnelles irlandaises, et même le flamenco sont ici disséqués et passés à la moulinette. Le rock'n'roll de Big Mama Thornton, le rock de Springsteen, du bon vieux blues folky. Conteur d'histoires comme on n'en fait plus. La musique de Nashville est là également. Un accent américain fort et profond. Le bon vieux cul-terreux, mais attention dans le bon sens du terme. Il admire son pays, mais il a conscience des problèmes d'aujourd'hui. On sent qu'il a "bourlingué" et qu'il a voyagé tout autour des Etats-Unis (il l'explique d'ailleurs), mais pas seulement. Troubadour attendrissant qui transmet son amour de la musique. Incroyable d'avoir pu rencontrer un musicien de cette trempe dans ce cirque, ce soir du 28 avril 2018. Avec lui comme avec Adrian Crawley, on a été déconnecté de la réalité.
Samedi au W
Soirée électro
Rone
De son vrai nom Erwan Castex, né en 1980 et parisien. Ça c’est pour l’état civil.
Musicien autodidacte qui s’intéresse très tôt aux synthétiseurs et à la MAO. Fait également des études de cinéma et ça se ressent sur scène, puisqu’il y a beaucoup de projections. Compose beaucoup pour les autres : Etienne Daho, François des Atlas Mountain, Bachar Mar Khalifé, le groupe américain Battles, Blonde Redhead, Baxter Dury, Vacarme, The National, Le Peuple de l’Herbe, Sufjan Stevens, Yael Naim, Jean-Michel Jarre, et même pour le cinéaste et réalisateur Michel Gondry, rien que ça. Il est aussi considéré comme un des musiciens électro les plus talentueux de sa génération. C’est très posé, très intellectualisé. Plutôt timide, il se met rarement en avant, préfère s’exprimer par sa musique. Une électro-pop, donc, à laquelle chacun peut s’identifier puisque très varié. C’est riche et cela nécessite de l’attention.
Scène ouverte samedi
Gaël Faure
Tout jeune chanteur-auteur-compositeur de 30 ans qui a participé à la 4ème saison de La Nouvelle Star (année où Christophe Willem a gagné). Sera tout de même demi-finaliste et on lui proposera des rôles dans des comédies musicales, projets qui ne lui plairont que très peu puisque éloignés de son univers musical. Ami de Pierre et Charles Souchon, il va collaborer avec ces derniers pour un album très chanson pop-folk dans la lignée de ceux de Piers Faccini, avec qui il collabore également. De la chanson très française mais orientée seventies parfois (on pense à Gainsbourg et à ses lignes de basse qu’on entend dans l’Histoire de Melody Nelson). Attitude sympa, il fera parler de lui, c’est sûr.
Samedi au 22
Minuit
C’est Catherine Ringer dans le chant et dans l’attitude. C’est assez impressionnant. Et puis musicalement il y a également quelques similitudes avec les Rita, mais plus on avance dans la soirée (enfin dans la nuit) et plus on entend de la disco-électro-funk assez 80’s très bien ficelée. C’est de plus en plus dansant. Ça groove. On pense plus à la période « Andy » des Rita qu’à « Marcia Baïla ». Et puis on revient à une électro-pop-funky pour repartir sur une disco French touch. Bonne présence. Agréablement surpris.
Pépite
Euh, comment dire ? Un sentiment de déjà entendu, euh, je crois bien que, euh, ah oui, c'est ça : Téléphone ! Mais si ! Vous savez, vous les plus vieux, ce groupe avec Jean-Louis Aubert et Bertignac ! Bref, c'est un peu du copier-coller. C'est bien fait, mais ça manque peut-être d'originalité...
Dimanche au W
Dadju
Son père jouait dans le groupe de Papa Wemba. Frère de Maître Gims (Sexion d’Assaut). Vous l’avez compris, il baigne dans la musique depuis un moment déjà. C’est d’ailleurs en accompagnant son frère en studio d’enregistrement qu’il découvre encore plus l’univers musical et qu’il décidera d’en faire son métier. Son disque cartonne au niveau des ventes. Plaît beaucoup à la gente féminine. Ses textes s’adressent à elles essentiellement. Sur scène, on a la forte impression d’un copier-coller des lives de Sexion d’Assaut ou de Maître Gims, forcément (même le jeu de scène est quasi similaire). Musicalement, on se situe dans une sorte de soca-afro-rap très (trop ?) à la mode. On entend également de la rumba congolaise, et là au moins, c’est aventureux. Et puis, chose étonnante, il reprend un titre de Céline Dion, « S’il suffisait qu’on s’aime » ! Bon, belle voix, certes, mais pas encore une expérience suffisante pour faires des ravages (toujours en ce qui me concerne).
Bigflo et Oli
Anciens élèves du conservatoire de Toulouse tout de même. Piano pour l’un, trompette pour l’autre. Frères inséparables, ils composent tout à deux. Père musicien et d’origine argentine (ça, c’est pour le côté latino qu’on entend parfois sur album et en live), mère d’origine algérienne (idem en ce qui concerne certaines sonorités orientales). Florian (Flo) et Olivio (Oli) sortent un 1er album, La cour des grands, qui sera disque d’or puis disque de platine quatre mois après sa sortie. C’est donc le plus jeune groupe de rap français à obtenir ces récompenses. Et ils récidivent avec le 2ème, La vraie vie, sorti en juin 2017, qui sera donc disque d’or et double disque de platine en septembre 2017, puis triple disque de platine en mars 2018 avec plus de 300 000 ventes. C’est du jamais vu et c’est pour cela que je le précise, sachant que le rap n’est pas la musique la plus vendue. C’est en général une musique qui se télécharge illégalement. Ce dimanche sur scène, ils ont fait le « job », et on sent que c’est une affaire qui tourne. On les sent très à l’aise. Heureux d’être là. C’est bien rodé et c’est également naturel. Se laissent emporter par l’envie du moment, improvisent quand il le faut. Font preuve d’un grand professionnalisme mais savent rester simples et se donnent la liberté d’être eux-mêmes comme ils s’amusent à le dire. Ne se prennent pas trop au sérieux. Se souvenir des moments difficiles où personne ne croyait en eux. Un jeu de scène quasi parfait pour un si jeune groupe. Pas trop de manières. Un décor qui remplit bien tout l’espace. Des projections d’images diffusées avec parcimonie. Les textes sont fluides et compréhensibles (ce qui n’est pas toujours le cas dans le rap, surtout en live). Un flow et une rapidité qui en laissent certains bouche bée. Un bon choix pour une fin de festival.
Je tiens à préciser que les lauréats des Inouïs sont :
- Apollo Noir qui a donc reçu le prix du Printemps de Bourges Crédit Mutuel Inouïs 2018(électro).
- L'ordre du Périph qui ont reçu le prix du jury Inouïs 2018 (hip-hop).
Dan Levy présidait cette année. Il est, pour ceux qui connaissent, la moitié du groupe The Do.
Les Inouïs, c’est 33 groupes sur 4 jours de concert.
Il y avait cette année énormément de concerts off (c'est-à-dire sur les scènes extérieures) et de très grande qualité avec des groupes plus ou moins connus. Cela permet à ceux qui ne peuvent accéder aux salles de concert de profiter, au même titre que les autres, de cette ambiance de musique live. Je trouve cela très bien, et il est vrai que cette année la programmation des scènes « Le cher en scène », "La scène en berry" et «La grande scène Séraucourt » a offert son lot de surprises. 33 groupes se sont produits à différentes heures du jour et de la nuit. Maestro, Zero db, Jacuzzi Boy, Théo Lawrence & the Hearts, Petit Fantôme,Gauvain Sers, Palatine ou encore Gaël Faure sont tous des chanteurs, chanteuses ou groupes connus et reconnus. J’aurais pu en citer d’autres mais la liste est trop longue.
Voilà pour ma part. Bien évidemment, je n’ai pas pu assister à tout. Ce serait impossible.
Mais j’essaie dans la mesure du possible de voir un maximum d’artistes pour pouvoir faire un compte-rendu assez représentatif du festival. Non pas que je n’aie pas voulu, mais on m’a refusé l’entrée car trop de monde pour des petites salles. Je pense notamment au Palais Jacques Cœur. Je n’ai pu voir la totalité des concerts hip-hop à la Halle au Blé pour des problèmes de timing (un peu loin du centre du festival).
Mes coups de cœur de cette année sont dans le désordre : L'impératrice, Mélanie de Biasio, Sandra Nkaké, Hugh Coltman, Isaac Gracie, Alice Merton, Catherine Ringer, Tamino, Orelsan, Shaka Ponk, Eddy de Pretto, Melissa Laveaux, Ben Mazué, Hollie Cook, Théo Lawrence & The Hearts, Matt Holubowski, Zeal & Ardor, Christopher Paul Stelling. Bien évidemment, c’est un peu réducteur et cela reste subjectif. Il y a bien d’autres groupes qui m’ont enchanté, mais c’est ma sélection et c’est un ressenti que j’ai pu partager avec d’autres.
J’ai tout de même vu plus de 90 groupes en 6 jours, sans compter les scènes ouvertes que j’ai appréciées quand je me rendais d’un concert à l’autre ou quand je mangeais (oui, il fallait bien prendre quelques forces !).
« That’s all folks »
Ludo
Printemps de Bourges 2017
Au 22
Pogo Car Crash Control
Et oui, c’est à eux que revient l’honneur et le privilège d’ouvrir cette 41ème édition du Printemps. La première sans Daniel Colling. Je rappelle pour celles et ceux qui ne seraient pas au courant que la passation de pouvoir s’est faite l’année dernière. C’est maintenant Boris Vedel, de la société « Morgane Event », qui a pris la tête de la direction du festival et c’est Gérard Pont qui en est le producteur associé.
Plusieurs nouveautés ont été mises en place, que ce soit au niveau de la sécurité ou encore au niveau de l’agencement de certaines salles ou lieux professionnels. Des badges électroniques, en plus des badges plastifiés ont été accrochés aux poignets des professionnels pour mieux identifier et faciliter l’accès aux salles de concert par exemple.
Ils ouvrent donc le bal avec une soirée hybride : du rock dur, de l’électro, de l’afrobeat…
Pogo Car Crash Control est un combo rock français à franges ! En effet, on croirait retrouver non seulement le look mais également l’état d’esprit du punk-grunge de Nirvana. Une énergie brute qui nous plonge directement dans l’état d’esprit du Printemps 2017.
French Fuse
Un look drôle et fun pour une « French Touch » festive. Une électro française donc, que ne renieraient pas Daft Punk et consorts.
Jupiter & Okwess
Afrobeat funky from Kinshasa. Une énergie incroyable. Groupe accessible. On sent une véritable envie de transmettre de la joie et de la bonne humeur. Une communication directe avec le public. On passe du rock à l’électro, le tout sur fond d’afrobeat. Alors évidemment on pense à Fela mais également à Manu Dibango et même à Funkadelic. Raconte des histoires de leur Congo natal. Musique équatoriale. Rumba congolaise de folie. Chansons pygmées. Mélange le traditionnel africain et la modernité funk avec une aisance incroyable. Un groupe en total osmose. Un vrai partage musical.
Carpenter Brut
Véritable look de rockeurs. Guitare « Flying V » et riffs de guitares Heavy Metal à la Van Halen. Batterie rock. Synthétiseur séquenceur. Le tout pour une électro rock cinématographique à la Justice. Un côté vintage entre 70’s et 80’s. Volontairement parfois un peu ringard. Projections de films de séries B avec des corps bodybuildés, des femmes sexy et très dénudées se faisant massacrer à la tronçonneuse ! Scénographie trash et sanglante.
Une reprise de « Maniac », du film Flashdance. Une autre des Pet Shop Boys. Un vrai concept électro pour grande scène (je rappelle qu’ils étaient passés sur la scène pression live l’année dernière… Groupe qui monte, qui monte !).
Rebeka Warrior
De son vrai nom Julia Lanoë, elle est également la moitié de deux autres groupes : Mansfield Tya et Sexy Sushi. Le premier étant un groupe de folk assez sombre avec très peu de relief et l’autre plutôt punk dans la démarche. Seule, elle propose une techno hardcore minimaliste et très répétitive. Un concept électro dark. On sent comme une envie de choquer le public. Qu’il y ait une réaction. Provocatrice ? Certainement. Une sorte de free party en salle obscure.
Sous le W
Tim Dup
Que je n’ai pas vu mais qui a été apprécié par certains qui ont pris le temps de discuter. Pour ceux qui comme moi aurait manqué sa prestation, sachez que vous pourrez vous rattraper avec le festival de Lignières.
Renaud
Ouh la la …
Comment ne pas être irrespectueux envers ce monsieur aux dizaines de tubes ? On ne reniera pas ce qu’il a pu écrire, mais il faut absolument qu’il arrête le live. Trop approximatif, trop tout. On entend à peine sa voix (rhinopharyngite ? ouais, si on veut). Et ce n’est pas le pire. Il oublie quelque peu ses paroles, alors certes, comme il le dit lui-même, on n’est pas des machines mais il y a un minium. Pas convaincu…
A l’auditorium
Avec le spectacle « comme une pierre qui… »
Oui, c’est bien la traduction du fameux titre de Bob Dylan. Comment passer à côté de l’artiste qui a reçu le prix nobel de littérature 2016 pour l’ensemble de son œuvre ? Respect.
La grande nouveauté de cette édition fut en effet de proposer des spectacles-lectures divers et variés. Ici, la comédie française a mis en scène la soirée si particulière où Bob Dylan enregistra « Like a rolling stone ». Drôle et décapant.
C’était l’anniversaire de ma mère !
Au 22
Les Inouïs pop-rock
Le couleur
De l’électro-pop from Canada. Ont la particularité de jouer à deux batteries : l’une électronique, l’autre normale.
Faire
Post-punk très années 80. Un poil trop même. Une sorte de Depeche Mode ou Indochine versus Suicide.
L’effondras
Beaucoup d’effets. Jouent sur les motifs sonores répétitifs. Des introductions très lentes pour des titres qui montent en puissance. Un trio guitares-batterie un peu à l’image du groupe instrumental français NLF3. Rock cyclique, musique répétitive donc comme pour la musique électronique.
Sandor
De la chanson sur un mode électro. Une sorte de benjamin Biolay au féminin. En effet des paroles très sexy contrastent vraiment avec le détachement d’un chant assez neutre. Des textes compréhensifs. Un côté sûr et déjà très professionnel.
T/O
Comprenez Théo.
Des sons de guitares réverbérés.Un style UK (United Kingdom). Entre les Cure et Radiohead.
Théâtre Jacques Cœur
Otzeki
Seulement deux sur scène. Du coup, ils utilisent des programmateurs. Sinon synthés et guitare sont de la partie tout de même. Annonce la couleur en allant directement faire un petit tour dans la salle de ce magnifique théâtre ou le public assiste assis au spectacle. Ce qui doit toujours être assez déconcertant pour les artistes. Une sorte de soul électro assez rock. Une voix tantôt grave et suave, tantôt très aiguë. Bluesy ou soulful, un contraste original. Le Mick Jagger de l’électro moderne.
Fishbach
Quelle engouement pour cette chanteuse un poil trop branché 80’s. Certes il y a eu de bonnes choses pendant cette période mais je trouve, et c’est personnel, qu’elle ne fait pas appel aux meilleures ? Certains la comparent à Catherine Ringer ? Les Ritas, c’était autre chose il me semble. Moi, j’entends malheureusement Desireless (« Voyage, voyage ! ») ou Rose Laurence (« Africa » !).
Se permet d’allumer une cigarette dans le théâtre pour jouer les provocatrices. Ouah !
Une reprise de Bernard Lavilliers aurait presque pu me réconcilier avec elle…
On écoutera un peu de Sohn et même Frank Ocean pour patienter. Je vous recommande ces deux artistes.
Thomas Azier
Une arrivée qui commence très bien. Les premières impressions sont souvent les bonnes.
Crooner électro soul doté d’une superbe voix. De vraies british mélodies façon Neil Hannon de Divine Comedy. On y entend également du Antony Hegarty (anciennement Antony & The Johnsons). Très reconnaissant vis-à-vis du public. Il admet avoir de la chance de jouer pour le public français dans ce magnifique théâtre. Très professionnel, je trouve. Très charismatique. Une maîtrise de sa voix incroyable. Une métrique exceptionnelle. Très agréable à écouter et à regarder. De l’électro pop actuelle et fraiche.
A l’auditorium
Lior Shoov
Seule avec tout un tas de petits instruments tels que ukulélé, petite guitare, cloches, senza, kalimba, hang, pour ne citer que ceux-là. En effet, elle assure un show minimaliste en s’auto-accompagnant de tous ces instruments. Cela pourrait paraître trop simpliste mais c’est au contraire très riche et surtout elle arrive sans autres musiciens à créer un vrai univers sonore et surtout de vraies mélodies. Un retour aux sources de la musique comme elle a pu l’être il y a des milliers d’années, sans artifices. Bravo.
Camille
Qu’on ne présente plus. Le concept est souvent le même. Elle alterne musique composée avec instruments et musique corporelle. En effet, la grande particularité, et c’est ce qui fait le style « Camille », c’est de proposer depuis quelques années déjà des chansons uniquement basées sur des percussions corporelles ou sur des harmonies vocales sans autre accompagnement. Pas d’instruments pour certaines compositions. La voix au cœur de tout cela. Des clappements de mains, de pieds… Elle maîtrise son sujet. Mais on s’y attend. Alors forcément, on est en terrain conquis. Ceci étant, c’est maîtrisé comme jamais. Et puis cette voix incroyable, bien plus travaillée qu’il n’y paraît. Le répertoire est très varié. Alterne un ton solennel, élégiaque voire spirituel avec des compositions beaucoup plus actuelles, soul, pop… et puis on se retrouve du côté de la world music avec un chant tribal, des rythmes indiens ou encore un doo-wop très cabaret et un gospel très 60’s. La variété proposée est ce qui fait sa grande force. Une reprise d’un ancien titre « home » pour rassurer un public déjà conquis.
Au W
Last Train
Jeune groupe français qui monte, qui monte. On ne cesse de parler d’eux. Un rock brutal. Entre blues rock et garage. Fan de rock à guitare et de heavy metal, ils ont réussi à gravir les plus hautes marches en à peine deux ans. Incroyable. Il faute dire qu’ils tournent beaucoup, et même à l’étranger (Asie, Etats-Unis). Ceci explique cela. Ils n’hésitent pas à se « retrousser les manches » (c’est eux qui le disent) pour arriver à leur fin. Ils ont assuré la première partie de Placebo haut la main. Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus, le fanzine « Longueur d’Ondes » du printemps leur est en partie consacré.
Placebo
Enorme groupe de pop anglais avec son leader, le bien connu Brian Molko.
Sont venus pour fêter leurs 20 ans de carrière. Une compilation retrace leur parcours et une tournée monstrueuse est d’ores et déjà prévue un peu partout dans le monde. On reconnaîtra « Pure Morning » par-ci ou « The Bitter End » par-là. Un son énorme. Un groupe rodé. Très pro en effet mais manque peut-être d’un peu plus de communication ? Ils n’ont rien à prouver, c’est évident, mais finiront par deux rappels tout de même et notamment une reprise de Kate Bush.
Au 22
Les Inouïs Hip-Hop
Big Budha Cheez
Un DJ et 2 MC pour un son vintage. Rappelle en effet le son des 80’s. Old school et soulful. Même le concept s’appuie sur celui qui a fait rage dans les années 80 avec notamment RUN D.M.C quand ils ont passé un contrat avec Adidas afin que la marque soit mise en avant dans les clips de ces derniers. Ici, ils s’en inspirent fortement avec le titre « Mes baskets sont clean » et jettent par la même occasion des baskets Nike neuves pour le public très demandeur.
Fixpen Skill
Un DJ et 2MC. Une fois encore, des beats old school. Un flow clair et des paroles limpides. Textes compréhensibles. On croirait entendre Kool Shen. Sample d’ailleurs NTM. Par contre, pas de platines, tout est samplé par DJ La Smoule ! Font partie du collectif le 5 Majeur dont fait également partie Nekfeu, entre autre.
Ash Kidd
A priori, tous les jeunes connaissent ? Le titre « Millionnaire » les a rendus célèbres via Youtube (forcément) en utilisant « J’ai demandé à la lune » d’Indochine (enfin, écrit par Mickaël Furnon de Mickey 3D). Du coup, ils reprennent tous en cœur le fameux titre. C’est impressionnant comment l’effet bouche-à-oreille d’aller écouter des singles sur Youtube touche la jeune génération. Rap autotuné avec des voix vocodées façon JUL ou PNL…
Musique lente et atmosphérique. Décalage des 2 voix. Sorte d’écho. Rap très actuel et très tendance.
Sônge
Petit bout de femme seule sur scène. Tout est pré-enregistré ou samplé. Look à la Meshell Ndégéocello. Electro-hip-hop-soul ou reggae-ragga dancehall. Chante en anglais. Un univers propre. Originale.
Rilès
Rap-dance. Jeune métisse de 21 ans qui s’est construit seul. Mélange le rap et la world dance orientale. Moins rap traditionnel pur et dur que les autres. Plus dance et commercial. Mais à l’applaudimètre, il met le feu, incontestablement. Un phrasé parfois proche du ragga. Mais d’un point de vue général, c’est assez dansant, ce qui a l’air de plaire. Ecoutez « I do it ». Tous les jeunes qui le suivent vous diront qu’il travaille dur pour pouvoir proposer un titre par semaine. Tout du moins cet aficionado du DIY (« do it yourself », fais-le toi-même) ne veut pas se reposer sur ses lauriers et veut qu’on parle de lui comme quelqu’un qui ne doit rien à personne et qui est un bourreau de travail. Un retour au rap sans fioritures.
Maïcee
Enfin des platines.
Une jeune rappeuse accompagnée d’un saxophoniste. Esprit jazzmataz et le projet de Guru qui a fait date. En effet, on oscille entre rap et jazz. Pour le coup, assez musical.
A l’auditorium
Barbagallo
Un des protagonistes du groupe Aquaserge (qu’on retrouvera d’ailleurs le même jour sur la scène ouverte pression live). Est accompagné de trois musiciens. Formation classique. Lui est chanteur-batteur. Une pop fraiche comme ont pu l’être les Beach Boys à une certaine époque.
On entend également Supertramp, Sébastien Tellier ou encore Kaolin, groupe pop français assez proche de leur univers. Guitare folk-pop. Basse 70’s. Synthé 80’s. Pop chantée en français.
Cameron Avery
Je précise qu’il est bassiste du groupe psyché Tame Impala avec celui qui l’a précédé : Barbagallo. Histoire de famille. Une introduction, seul au piano. Puis arrive le contrebassiste et la guitare slide. Voix grave dans un premier temps. Bluesy comme Rag n bone man ou Kaléo (artistes qui font un tabac sur les ondes radio en ce moment). Enchaîne titres composés avec des titres plus intimistes seul au piano où la voix se fait plus aiguë, limite voix de tête dans un registre soul qui contraste avec un répertoire country-folk. Mélange donc une folk-gospel-rock assez sombre avec une soul blanche (blue-eyed-soul) qui évolue entre Allen Stone et Marvin Gaye. On y entrevoit un brin de Chris Isaak, crooner surf rock aussi attachant que Cameron Avery. Un type sympa, simple, avec un grand talent. Un talent brut, sans artifices. Une révélation.
Timber Timbre
Avec son leader charismatique Taylor Kirk à qui l’on doit la création de cet univers si particulier mais néanmoins très riche, entre folk sombre et motifs cinématographiques qui donnent à l’ensemble une couleur originale. On pourrait citer Ry Cooder pour ce côté western rock répétitif. Nous avons en France Nicolas Kerr avec Pony Hoax dans ce registre dark rock ou krautrock à la française. Des guitares psychédéliques, des synthés vintages. On peut citer également Western le groupe du leader des Little Rabbits qui évolue aujourd’hui dans ce registre freak folk. Atmosphérique. Ambiances assez glauques parfois, mais jamais sans nuances. Americana, pop psyché à la Gainsbourg… Bref, vous l’aurez compris, le monsieur a tellement de talent qu’il se permet de mélanger une multitude de styles pour n’en faire qu’un seul. La grande nouveauté ce situe du côté de la funk-pop à la Bowie (époque « Fame »).
Quoiqu’il en soit il maîtrise son sujet. Manque peut-être d’un peu plus de communication avec son public. Mais bon, on ne peut pas tout avoir.
Au W
Laura Cahen
Scène un peu trop grande et un public trop dans l’attente de Vianney ou Jain pour pouvoir apprécier la jeune femme, qui méritait pourtant mieux. C’est la dure loi du trop grand W.
Pas très attentif, voire parfois un peu méchant, le public s’impatiente. On entend : « musique à écouter sur son canapé », ou encore « trop soporifique », mais aussi « on dirait Benjamin Biolay »… Pourtant, la jeune femme mérite mieux. Elle est une très bonne guitariste. Maîtrise aussi bien l’électrique que les arpèges en acoustique. Une voix perchée à la limite du lyrique.
Une reprise d’Anne Sylvestre montre que la dame évolue dans un registre de chanson populaire qui n’émeut que très peu le public de ce jour.
Vianney
Non, il n’est pas parti. En référence au single « Je m’en vais » qu’on a entendu partout pendant des mois. Je dis cela parce que je l’ai rencontré dans l’après-midi en sortant des Inouïs Hip-Hop. Et alors, je n’ai pu m’empêcher de l’interviewer sur son parcours, sur son état avant le show du soir et sur ce qu’il écoutait en ce moment, entre autre. Il est décontracté, sympa, disponible, et répond aux sollicitations des personnes qui l’accostent. Donc il est dans la vie comme il est sur scène : avenant et plein d’humilité. Ne se rend pas toujours compte de sa cote de popularité. Il a beaucoup apprécié les découvertes de l’après-midi, et notamment Maïcee. En ce qui concerne le hip-hop, il écoute plutôt du rap à textes. Il aime beaucoup Bigflo & Oli (deux jeunes qui montent, qui montent).
L’ascension de Vianney a été fulgurante. Victoire de l’artiste masculin de l’année. Pour un si jeune homme, c’est du jamais vu. Chansons douces, voix singulière certes, mais le public (très féminin !) réagit positivement. Un tout jeune homme (25 ans) qui s’est installé pour durer.
Jain
A créé la surprise en décomposant son show en deux parties bien distinctes. D’abord seule sur scène, comme l’an passé. Elle utilise ses effets loops et autres boucles. C’est ce qui faisait sa marque de fabrique (on a déjà eu Anaïs dans ce registre et ce n’est pas nouveau, mais bon…). Pour l’avoir déjà vu l’année dernière, on se dit qu’il faudra évoluer, tout du moins sur scène. Et alors qu’arrive tout un tas de musiciens, on se dit qu’elle a bien joué le coup. C’est beaucoup plus agréable à écouter et à regarder. « One point » ! Son afro-électro-pop marche bien mieux comme cela.
Au 22
Coely
Une soul hip-hopeuse comme Lauryn Hill en son temps. C’est vrai qu’on aurait tendance à y entrevoir les Fugees et des compos de Wycleaf Jean. De superbes samples soul. On y entend également un phrasé proche de Patrice (non, pas notre collègue, mais le musicien reggae-pop mari de Ayo !).Un talent brut qui mélange rage et simplicité. Vraiment sympathique.
Parcels
Disco-funk pop de folie. Kitch mais très pro et surtout très actuel. (Tiens citons Rocé chanteur rappeur que j’adore : « Actuel mais pas à la mode » !!! J’aime beaucoup cette phrase qui en dit long… Voilà, ça c’est dit !). C’est vrai qu’on pourrait dire d’eux qu’ils n’inventent rien et se contentent de copier et de surfer sur une vague « revival » de disco-funk maintes et maintes fois entendu depuis les seventies, mais honnêtement, c’est fait avec tellement de sincérité qu’on ne peut rester indifférent. De plus, je tiens à rappeler que la nouvelle génération ne se préoccupe pas ou ne connaît même pas la moitié de ce qui a pu exister… Alors prenons la musique comme elle arrive et oublions parfois les influences directes. Toujours est-il qu’ils ont fait l’unanimité et que beaucoup de disques se sont vendus suite au concert.
Her
Soul avec une touche d’électro. Entre Etta James et une modernité nu-soul. Un look très sixties façon Motown (mais si, comme les Temptations qui s’habillaient de la même manière !).
Deux voix qui se juxtaposent. L’une plus suave et l’autre plus aiguë. Musicalement, ils jouent sur la lenteur pour des montées en puissance incroyables. Cela crée une tension très palpable mais j’imagine volontaire. Une fois encore, une véritable « blue eyed soul » très actuelle. On sent même des références hip-hop moderne (Kendrick Lamar, pour ne citer que lui, mais…).
Une reprise de « A Change is gonna come » de Sam Cooke mérite un énorme respect.
Agar Agar
Non, il ne s’agit pas du produit gélifiant mais bien d’un groupe français qui monte, qui monte.
Entre synthé-pop et acid-disco, voire même techno pure. Revisite les années 80 sans tomber dans ses travers. Pas mal…
Paradis
Pour le coup, c’est bien le groupe français qui cartonne en ce moment. Dans le même état d’esprit que La Femme, autre groupe phare du moment. Dada rock, romantisme pop. De la chanson rock très eighties chantée en français. Un poil plus électro sur scène que sur l’album.
Un batteur impressionnant puisque très « carré » rythmiquement. Des mélodies addictives.
C’est l’anniversaire de mon beau-père ! Je vous jure…
Au 22
Les Inouïs chanson/World
Gauvin Sers
Véritable look de gavroche. On pense inévitablement à Renaud. Je vous parle du Renaud qu’on a tant aimé. Celui des débuts. Bon ok, j’arrête là les médisances. On pense également à Renand Luce pour la chanson à texte actuelle. Une communication simple et efficace avec le public. Deux guitares. Lui et un guitariste accompagnateur. Alors niveau textes on pourrait citer tous ceux qui l’ont inspiré, à savoir : Brel, Brassens, Ferrer, Ferrat et... Renaud, encore lui ! Ces chanteurs qu’il affectionne pour leur « liberté d’expression ». Quelques rimes un peu convenues, mais jamais clichés. A conquis les personnes venues écouter de la chanson chantée en français.
Témé Tan
Un jeune homme qui s’est construit seul. Et à ce propos, j’en profite pour faire un aparté : on sent qu’avec les nouvelles technologies et notamment les « pads » ou « touchpads », les artistes peuvent aujourd’hui tout faire seul, sans avoir recours à un quelconque studio d’enregistrement. C’est son cas. Un « oneself made ». Du coup, on utilise tout un tas de sons. Et surtout ceux que l’on veut sans se préoccuper de savoir si cela va plaire. En ressort une électro-world aux samples afro et d'autres musiques du monde qu’il mélange sans complexe avec la chanson. Une transmission de ses origines ancestrales. Celles de son Congo natal. Hommage à sa grand-mère « Mati ». Simple, joyeux, touchant.
Voyov
Comprenez « Voyou ». Fait partie du groupe Pegaze, entre autre. Multi-instrumentiste seul sur scène. Aujourd’hui, certains artistes ne se posent plus la question de choisir entre électro 80’s, tech, world, chanson, pop. C’est son cas. Il a choisi de ne pas choisir. S’auto-sample, que ce soit à la guitare ou à la trompette. Nouveau format hybride de la chanson.
Louis Piscine
On a eu Lilly Wood & The Prick, Holden, The Do. On a aujourd’hui Louis Piscine qui incarne le duo pop homme-femme à la française. Elle incarne la muse comme Gainsbourg et Jane à une certaine époque. On retrouve d’ailleurs quelques similitudes avec le grand Serge, comme cette façon de chanter-parler qu’il avait. Des guitares pop 60’s et 70’s. Des mélodies cinématographiques. Utilise également du matériel vintage comme un ampli Vox, des synthés moog et hammond. Des effets de pédale wah-wah. Tout cela rappelle bien les années 60 et 70.
Le Nino Ferrer actuel.
Ariel Ariel
Entre world et rock. C’est vrai que François & The Atlas Mountain ont ouvert cette voie de la chanson-rock-world qu’on rencontre bien plus souvent aujourd’hui. Ou tout du moins on sent que les frontières musicales se sont cassées pour s’ouvrir au reste du monde. Nous fait découvrir sa Martinique natale. Entre pop et chanson créole.
Eddy De Pretto
Le nouveau Stromae ? Des textes très articulés et volontairement très compréhensibles. Bashung dans cette façon de chanter assez sombre. Très distinct. Prononce chaque syllabe. Chant très prononcé. Entre Nougaro et Stromae, vraiment. Entre chanson et rap. Très intéressant.
Au théâtre Jacques Cœur
Warhaus
Le coup de cœur de cette année. Beaucoup de choses à dire pour le coup, parce que cette musique qui paraît simple est truffée de références subtiles. On peut commencer par dire que Maarten Devoldere (pas facile à dire) est également le leader-chanteur du groupe belge Balthazar qui en est déjà à son 4ème album. Je vous recommande d’ailleurs deux d’entre eux : « Rats » (2012) et « Thin walls » (2015), dans lesquels on retrouvera quelque peu cet univers pop aux mélodies si simples et pourtant si particulières. Sous le pseudo Warhaus, il va bien plus loin musicalement en explorant d’autres univers. A commencer par ce côté psyché rock et folk qu’on retrouve moins dans Balthazar. On entendra ici et là Les Velvet Underground époque Nico, Nick Drake, Tom Waits ou encore Iggy Pop et son « Lust for life ». On est conquis par ces ambiances psyché folk parfois un peu jazzy et blues qu’on retrouve justement chez Tom Waits. Une voix typique qu’on pourrait comparer à celle de Leonard Cohen (en un peu moins grave) mais très suave. Chante toujours très juste, même dans les graves. Des modulations incroyables. Univers enchanteresse. On navigue sur des ambiances très singulières mais également reconnaissables. Les trompettes me font penser à Soul Coughing, groupe de rock new-yorkais très influencé par le jazz. Les guitares bluesy jouées au bottleneck (c’est même un tournevis qui remplacera cet objet !), renforcent le côté roots et cul-terreux.
Nous raconte des histoires et nous embarque avec lui tout le long du set. Pas prétentieux. Entre Leonard Cohen et Gainsbourg. Un vrai coup de maître.
Aliocha
Moins de vécu et beaucoup plus jeune. Mais déjà un propre univers. On sent que le jeune homme a une marge de progression impressionnante. Très agréable à regarder quand il chante puisque très souriant. On le sent heureux de chanter et d’être ici. Navigue sans ambiguïté entre la pop anglo-saxonne et la country-folk moderne. Les Kooks versus Tracy Chapman ou encore The Verve versus Rodrigues (ça va, y’a pire comme références). Un solo au piano-voix nous emmènera du côté de Jason Mraz… Artiste à suivre.
François & The Atlas
Pour être complètement sincère, ce groupe a incontestablement progressé. Pour les avoir vus sur scène quand ils n’étaient encore que des découvertes (Inouïs 2011, déjà), je trouve que leur univers s’est enrichi. Il semble surtout plus homogène que par le passé. Plus d’unité. Ce mélange de guitares africaines et de chanson-pop française fonctionne bien mieux. Une sorte d’afro-pop très originale puisqu’ils n’essaient pas de copier mais plutôt de proposer quelque chose de neuf. De petites mélodies des îles se mélangent aux synthés pop 80’s, 90’s mais sans tomber dans ce son trop formaté des années 80. Ce qui impressionne, c’est cette faculté de se faire rencontrer les musiques subsahariennes (on pense à Tinariwen) à la pop-new-wave actualisé en un seul et même morceau. De l’afro-chanson-pop chanté en français, s’il vous plaît ! Une touche de disco-funk par-ci avec chorégraphie à l’appui. Une touche d’électro par-là. Mais voilà, on reste admiratif devant ce mélange quasi parfait entre world music et chanson rock. Une reprise d’un chant traditionnel arabe nous bercera jusque tard dans la nuit « Bienvenue sous la lumière de la lune ».
Au W et au Palais d’Auron
Soirée « Happy Friday » (ben oui, on est vendredi !)
Je rappelle juste le principe, pour ceux qui ne connaîtraient pas encore, qu’il faut aller et venir comme bon vous semble entre le palais d’Auron et le grand W. Oui mais voilà, à un moment ou un autre ça coince puisque le W contient bien plus de places que l’autre salle, alors…
Il faut donc parfois choisir de rester sur un lieu plutôt qu’un autre.
Electric Guest
Une musique très fraîche. De la pop dynamique et dansante. C’est vrai que la production de Danger Mouse doit jouer dans la balance (mais si, Danger Mouse, c’est un producteur ultra demandé. Il est la moitié de Gnarls Barkley avec Cee-Lo Green. Souvenez-vous « Crazy », c’est lui. Producteur de Gorillaz sur « Demon days ». Collabore avec The Black Keys et Sparklehorse. Plublie un album avec Daniele Luppi, « Rome », très cinématographique et vraiment beau que je vous conseille. On le retrouve également au sein de Dangerdoom ou la rencontre avec le rappeur MF Doom. Producteur de Portugal The Man, Broken Bells… et plus récemment le chef-d’œuvre de Michael Kiwanuka « Love & hate »). Un producteur qui donne une couleur unique à chaque nouvelle rencontre. Découvrez vite celui d’Electric Guest.
Calypso Rose
Ouah la claque. Du feu de dieu ! La mamie de 77 ans à une « patate » d’enfer. Accompagné de 8 musiciens sur scène. Saxophone, trompette, guitare, basse, batterie, synthé-piano et deux choristes. Une showgirl incroyable. Elle chauffe son public : montre sans cesse son derrière comme pour provoquer des réactions hilarantes (enfin elle soulève simplement sa belle tenue de scène). Elle joue sans cesse avec les photographes. C’est drôle, jamais pitoyable. Non non, ne vous inquiétez pas, elle a bien toute sa tête quand elle critique le gouvernement trinidadien actuel. Plaide la cause des domestiques. Celle des femmes avec « No Madame ». Redonner aux femmes toute la place qu’elles méritent. Ne plus les exploiter. Une femme forte et engagé. Du coup, tous ces sujets sérieux ne sont pas ennuyeux puisque mis en musique avec cette légèreté du calypso qu’elle affectionne tant. On passe un incroyable moment de danse et de détente.
Broken Back
Le destin fait parfois bien les choses. Des déplacements graves de vertèbres le contraignent à être immobilisé (d’où le nom de « broken » cassé et « back » dos : dos cassé) ? Du coup, il en profite pour se consacrer à la musique. Certains diront qu’il a eu une formation classique, d’autres qu’il s’est construit seul en autodidacte. Le plus important c’est le résultat. Musique hybride entre résonance folk et production électro. Pour les amateurs de Milky Chance et son électro-folk, Hozier pour la voix et Talisco pour la fraîcheur pop. Moi j’y vois un croisement entre Asaf Avidan et The Avener. Une voix rocailleuse et folk à tomber par terre. Une production très actuelle. Et puis, une fois n’est pas coutume, c’est beaucoup plus instrumental sur scène que sur album, et ça, c’est tout à son honneur.
Talisco
Je vous le donne en mille. La blague sur le groupe : allez « Tabasco ». Ce n’est pas de moi, mais d’un jeune homme un peu éméché ! Trio rock classique pour une pop française (enfin produite à L.A.) qui cartonne. Si si. Ecoutez le titre « The Keys » de la pub Bouygues. Vous l’avez forcément entendu au moins une fois. Mais si, des jeunes femmes en skateboards… Bon, j’arrête. Une entrée fracassante très grandiloquente à la Muse. Puis s’enchaîneront des titres tous plus ou moins électro-pop. Des basses un peu trop fortes gâchent les mélodies. Dommage. Sont très reconnaissants d’être de nouveau programmés au Printemps puisqu’ils étaient déjà présents il y a 4 ans, au tout début du projet. Le groupe a bien gagné en popularité en très peu de temps.
Wax Tailor
Un univers toujours aussi cinématographique. C’est une vraie marque de fabrique. Sur son dernier projet, il mélange le blues, la soul, l’électro et le hip-hop. Souvent classé en trip-hop, sa musique n’a de cesse d’évoluer. Jamais seul sur scène. Toujours accompagné de chanteurs-rappeurs ou chanteuses. C’est donc avec alternance que se succéderont ces accompagnateurs pour plus de relief et pour donner corps au spectacle. Je vous rappelle que lui se trouve derrière ses machines, alors… Très varié : les ambiances Portishead ou Massive Attack se confrontent au rap old school. Le funk et la soul de Lee Field (d’ailleurs invité sur son dernier album) se mélangent au trip-hop plus sombre. Un univers très riche et très créatif. Wax Tailor quoi !
Deluxe
Véritable fusion des genres. Electro funk, disco-tech, ska alternatif. Un savant mélange et une énergie folle pour un public en délire. Savent jouer avec cela. Pas grand-chose à dire si ce n’est qu’ils rassemblent les gens.
Fakear
Lui aussi faisait partie des Inouïs en 2014. Il a enchanté les plus jeunes venus en masse. House, pop et électro pour une musique pas si fausse que ça (« fake ear » voulant dire fausse oreille). On y entend tout ce qui plaît aujourd’hui : Major Lazer & Mo « Lean On » par exemple. C’est ce qu’on peut appeler la « Future bass music » (comprenez du ragga-electro).
On y entend aussi de la world samplé comme le fait si bien Petit Biscuit (comment passer à côté). Et puis de l’électro dance avec des boucles sur touchpads très à la mode. La jeunesse n’a pas fini de nous étonner.
Mome
Une électro synthétique qui cartonne. Pour le coup, le single « Aloha » rentre dans la tête pour ne plus en ressortir. Comme Fakear et comme bien d’autre, les musiciens électro affectionnent tout particulièrement les voix féminines. C’est vraiment ce qui caractérise l’électro actuelle, je trouve. Cela donne une couleur douce pour une musique assez froide parfois. Lui, est musicien à la base, donc on retrouve dans son live des éléments très instrumentaux. Je le répète, écoutez « Aloha » avec la chanteuse Merryn Jean et vous ne pourrez plus vous en défaire !
Panda Dub
Dans la pure tradition de l’électro-dub française. Vraiment. On se retrouve quelques années en arrière avec Kaly Live Dub, High Tone, Mei Tei Sho et toute cette scène lyonnaise sous le label Jarring Effects. Zenzile également. Du dub et de l’électro à la française que les anglo-saxons nous envient. Panda Dub perpétue cette tradition avec élégance.
Feder
Qui s’est tant fait attendre ; n’a pu enflammer le W pour problème technique ? C’est une catastrophe pour les plus jeunes !
Au 22 au même moment
Rat Boy
Punk rock et hip-hop. Alors oui on pense aux Sex Pistols ou aux Clash pour l’énergie punk. Mais moi j’entends surtout les Beastie Boys. Ceux à qui l’on doit quand même ce mélange hybride entre rock et hip-hop. Mais là où le punk à ses limites, Rat Boy compose de vraies mélodies pop. Une énergie juvénile et déjà un sens de la construction mature. Une sorte de Beck époque « Loser ». Accents très british. Un poil de Damon Albarn (Blur) mais aussi un peu de The Streets (groupe Pop-Hip-hop avec à sa tête Mike Skinner qui a volontairement arrêté sa carrière pour ne pas se perdre dans une commercialisation du disque à outrance. Et c’est bien dommage… Je vous recommande chaudement d’aller jeter une oreille). Rat Boy ou la jeunesse insouciante. Une vraie découverte également.
The Sonics
Attention, groupe phare des années 60 qui a su imposer un rockab garage assez brutal pour l’époque. Tous les sons étaient saturés à outrance. Même le saxophone qui était leur marque de fabrique et qu’on retrouve avec joie aujourd’hui, était lui aussi saturé comme pouvait l’être celui des Stooges. On se retrouve 48 ans après leur dernier album ! C’est donc toute une salle de vieux roublards (non, pas seulement !) qui assiste à un show très maîtrisé. Je dirais plutôt que les Sonics attirent ceux qui écoutaient et qui écoutent encore du bon vieux rockab avec tout ce que cela comporte. Hurlements du chanteur comme Little Richard. Des solos de guitare et de piano agressifs. Des reprises de bons vieux tubes et que tout le monde reprend en chœur. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas eu du rock’n’roll au Printemps. Le seul point noir au tableau : le saxophoniste Rob Lind n’a pas cessé de faire la promotion de leur nouvel album (enfin presque, puisqu’il date de 2015) « This is the Sonics ». Vous comprenez, il faut bien payer les frais de déplacement et surtout les exigences de star !!!
The Moonlandingz
Moonlandingz c’est la rencontre de deux groupes: The Fat White Family et The Eccentronic Research Council. Comment dire… Leur attitude correspond à leur musique. Un look destroy pour le chanteur qui arrive sur scène complètement défoncé. Une musique psyché à outrance.
Un pianiste qui ne rigole pas. Une jeune bassiste avec un regard qui fait peur (on baisse les yeux quand elle nous regarde !). Bref, vous l’aurez compris. C’est dans un esprit très 70’s que le groupe se présente sur scène. Attitude Velvetienne ou bien encore celle d’Anton Newcomb des Brian Jonestown Massacre (pour ceux qui n’aurait jamais vu le documentaire « Dig », c’est à voir, vraiment). Pure provocation ? Pas si sûr, vu la fin du show très destroy. (Sex, Drugs & Rock’n’roll, où es-tu passé Ian Dury !).
Cette fois, c’est l’anniversaire du mari de ma belle-mère ! Oui, je sais il faut suivre. Et vous allez me dire que je suis mytho, mais tout cela est vrai !
Au 22
Les Inouïs électro
Baja Frequencia
Ragga, dancehalll, électro world… samples de musique indienne puis de musique Masaï et autres musiques africaines, projections vidéos. On sent une tradition dub mixée à l’électro pour un résultat parfois proche de la jungle (style très en vogue dans les 90’s qui s’inspirait elle-même des musiques afro, du reggae, du hip-hop et de l’électro. Elle a pour cousine la drum’n’bass et ces breakbeats rapides qui mélangeait déjà le ragga, le funk, le hip-hop et la techno). On se trouve entre deux mondes : celui des styles précités et celui de l’électro actuelle. Ça déménage.
Aerobrasil
Electro disco. En effet, la rythmique à la batterie se rapproche de celle du disco 70’s. Mais avec une touche de modernité. Du coup, on serait tenté d’y voir une musique hybride entre house et disco lente atmosphérique. Très cinématographique. Proche cousin de John Carpenter (écouter John Carpenter I et II).
Renoizer
Le Jean-Michel Jarre 2.0. Un « Oxygène » nouveau et sombre. Joue sur la noirceur. Electro dark avec des projections en lien direct avec ce qu’il joue. Des corps à la peau noire. Prise de vue volontairement très proche des corps dénudés. Tempos lents pour pouvoir triturer les sons. Joue beaucoup sur les fréquences. Un écorché vif de l’électro.
Sorg
Seul avec ses machines. Electro-funk ou house-tech-funk. Un revival funky que ne renieraient ni Romanthony ni Superfunk, deux groupes phare de la house-funk 90’s. Ça groove comme jadis. Du vintage moderne (si cela n’existe pas, alors je viens de l’inventer !).
Il est vilaine
Tech indus avec des rythmes martiaux. Musique répétitive. Voix robotique. Là encore, une forme d’hommage à une électro blanche des années 80-90. On y entend du Kraftwerk, du Front 242. De la Dark indus.
M.A Beat !
Un nom comme ça, il fallait y penser ! On est en présence de vrais musiciens. Trio composé d’un batteur, d’un guitariste et d’un bassiste. Ils utilisent également des machines de programmation. Mais cette fois, on se situe du côté du post-rock et du jazz. En effet, le batteur me rappelle celui de The Bad Plus (contretemps). Il utilise également la charley jazzy. Une musique qui démarre musicalement assez traditionnelle, puis monte en puissance, cela s’accélère pour finir en électro krautrock. On pense pour le coup à Neu (groupe allemand de référence). Une musique intellectualisée. Un vrai travail de recherche. Une forme d’improvisation maîtrisée. On entend également Weather Report, Mahavishnu Orchestra ou Jaco Pastorius. De l’électro-jazz-world de grande qualité.
Leska
Une fois encore tous les sons de musiques du monde sont extraits et samplés au préalable. Electro-world aux accents brésiliens. Forme de Kuduro. De grosses basses électroniques. Toujours ces voix féminines qui se mélangent aux rythmes afro. Je vous le disais ; c’est la grosse tendance du moment.
Soirée électro au W et au Palais
Attention, grosse soirée et gros sons.
Jabberwocky (W)
Dance électro-pop qui fonctionne à merveille auprès des jeunes. Alors évidemment, influencé par l’univers de Lewis Caroll (leur nom provient du poème « jabberwocky »). On sent parfois une once de mystère. Cela se ressent bien plus sur album que sur scène. Un poil commercial. Néanmoins, de super chanteurs et chanteuses rendent le live vivant (ça aussi c’est pas mal : du live vivant !!! je le garde).
French 79 (Palais)
Assez typique de l’électro. Le calme avant la tempête. Cela commence souvent calme avec des nappes de synthé, puis arrive le gros son Big Beat. Simon Henner de son vrai nom est également guitariste du groupe Nasser. Ici et seul sur scène, il utilise seulement des machines, des pads, des séquenceurs, des ordinateurs qu’il maîtrise fort bien d’ailleurs. Du coup, c’est toute une jeune génération qui regarde ses sets comme s'ils regardaient un véritable groupe de rock avec tout un tas d’instruments. A la fois, ça me questionne, mais je trouve cela normal vu qu’ils sont nés avec tous ces sons numériques (je précise que l’on regarde et que l’on est bien plus attentif à la scène du Palais d’Auron qu’à celle du W où l’on se moque bien de savoir ce qui s’y passe. Le W n’est pas véritablement une salle de concert, mais plus un lieu festif ou l’on se retrouve pour faire la fête. Comme quoi, l’endroit où l’on se trouve a une grande importance). Sinon, un vrai talent d’assemblage pour French 79.
Yuksek (W)
Pour ceux qui ne connaissent pas, Yuksek est un producteur-musicien français très réputé et très sollicité depuis un moment déjà. A travaillé avec, dans le désordre, son ami rémois Brodinski, Phoenix, De La Soul, M83, Chassol, Lana Del Rey, Birdy Nam Nam, entre autre. Je vous conseille d’aller jeter un œil sur le nombre incroyable de collaborations et de remixes qu’il a pu faire, c’est impressionnant. Compositeur de musique de film également. Il s’adapte et passe d’un registre à un autre, sans difficulté apparente. Pop, électro, nu-disco, house, hip-hop… Son dernier album est clairement électro-disco-funk. On sent qu’il a plusieurs cordes à son arc, puisqu’il n’apparaît pas seul sur scène, mais accompagné de plusieurs musiciens, tous aussi bons les uns que les autres. Batteur-percussionniste, guitariste, bassiste, organiste… Ça donne un show très vivant et très musical. Il met le feu. C’est un vrai DJ qui mixe live et non pas avec des bandes sons. Il enchaîne ses titres pour ne pas que les gens décrochent. C’est la marque des grands DJ. Dansant comme jamais, on passe du funk pur à l’électro, du disco façon Cerrone à la house. C’est peut-être celui qui m’a le plus impressionné ce soir.
Bon Entendeur (Palais)
Portent en live un projet qu’ils ont mis en place depuis un moment déjà. Le concept est très original puisqu’ils mettent en musique des interviews de personnes célèbres et qui se confient de manière très personnelle. Des musiques électro, disco, hip-hop, trip-hop ou nu-soul sont souvent bien adaptées au contexte et aux propos de ces stars que l’on perçoit, par conséquent, d’une autre manière. Toutes ces musiques viennent ponctuer des bribes de phrases, interviews, extraits de films, émissions de radio. De vrais portraits intimes. Il vous suffira de taper Bon Entendeur sur le net pour écouter, à votre convenance : Benoît Poelvoorde, Oxmo Puccino, Alexandre Astier, Bohringer, Brel, Vincent Lindon, Delon, PPDA, Gérard Lanvin, Dujardin, pour ne citer qu’eux (j’ai volontairement oublié Sophie Marceau ; oh ça va, on a bien le droit de rigoler un peu !). Alors sur scène vous me direz ? Et bien c’est également original et très funky. Le ton est donné en samplant James Brown. Revival disco. French Touch versus Motown. Puis on passe en un éclair à des rythmes latino, americano, cumbia et autres références « cubanissimo ». On croirait réécouter Gotan Project. Ensuite on repart avec de l’électro très 90’s. Properllerheads et autre Chemical Brothers. On revient avec la nu-disco en reprenant un single maintes fois écouté et remixé : « Funky Town » de Lipstick (je vous recommande le mix de Soulwax). Riche, varié, festif, dansant.
Petit Biscuit (W)
Je ne vous présente pas ce jeune homme qui fait parler de lui et qu’on entend partout. Le single « Sunset Lover » passe en boucle un peu partout : télé, radio. Alors c’est vrai que ça accroche l’oreille. Mais c’est parfois toujours composé sur le même modèle. Des instrus de voix samplée et mis en boucle via son pad. C’est comme cela qu’il a réussi à gravir les marches du succès. Il était Inouïs l’année dernière et revient sur la grande scène du W non plus comme inconnu mais comme une jeune star de l’électro planante et orienté world. C’est vrai qu’il est parti de rien en postant ses titres via soundcloud. De formation classique, il arrive à mettre beaucoup de musicalité et de sensualité dans une électro parfois un peu trop froide. Certes. Mais les titres ont parfois tendance à trop se ressembler. Ecoutez coup sur coup « Jungle » et « Sunset Lover ». Nappes de synthé vaporeuses sur pad et voix féminines orientales langoureuses. De l’électro world bien sympa, mais pas sous le W. Une salle plus intimiste lui aurait sans doute convenu.
Jacques (Palais)
L’homme aux cheveux rasés (seulement au milieu du crâne !). Un original. Une électro tech qui se nourrit de sons naturels. Il cuisine sa musique comme on cuisine son repas. Utilise ça et là une râpe à fromage, un triangle, de l’eau, des balles de ping-pong, raquette de tennis et tout un tas d’autres ustensiles. Garde toujours une ligne conductrice qu’est sa techno en fond sur laquelle il ajoute sans cesse des bribes d’instruments pour faire évoluer les sons et pour colorier son univers. Je vous disais : un original.
Molécule (W)
Espaces marins pour une techno pure. Projection vidéo qui met d’ailleurs en scène son exploration et son expérience de musicien : il a composé sa musique au sein d’un chalutier. Se présente sur scène avec un ciré. Pêcheur-musicien…
Au 22 le même soir
Kid Francescoli
Ambiance Air (le groupe bien évidemment). Assez cinématographique. Trip-hop, électro-pop française de grande qualité. Un mélange d’Electric Guest, Rome (deux projets portés par le fameux Danger Mouse cité plus en amont) et de Limousine (groupe français qui mélange la lounge music et la pop minimaliste ; écoutez « II »). Une sorte de pop donc à la française, assez classe, assez romantique…Des titres co-composés avec French 79 (tous les deux marseillais) qui passait ce même soir au Palais d’Auron dans le cadre de la soirée électro. Vraiment sympa.
Le W
Keblack
Première partie de Soprano. Une forme de soca dance rap. Un peu toujours le même type de mélodies. Des voix vocodées et des refrains à la Collectif Métissé. Et puis, la même rengaine pour chauffer la salle : « à droite c’est plus chaud qu’à gauche… » bla, bla, bla. Cela convient à un public très jeune. Cela tombe bien, c’est toujours dans cet objectif que nous est proposé ce dernier concert : rassembler les jeunes (voire très jeunes, trop jeunes parfois ou encore tout petits, qui pour le coup ne profitent pas assez puisqu’ils ne voient rien ?). Je pense que les parents prennent parfois prétexte d’emmener leur progéniture pour assouvir leur désir sans vouloir complètement assumer le fait d’aller voir ces artistes très tendance et hyper médiatisés que sont Keblack et Soprano… Mais ça, c’est une autre histoire. Keblack enchaînera des titres qui se ressemblent trop et puis arrivera « Bazardée », le single que tous reprendront en chœur. Bof !
Soprano
Avec un passé de rappeur au sein du collectif Psy 4 de la Rime. Cet album solo (ce n’est pas le premier) s’inscrit plutôt dans un registre chanson. En effet « Mon Everest » l’a propulsé en tête des ventes grâce à des singles chantés et très orientés dancefloor. On est loin de ses débuts en tant que rappeur pur et dur. Mais voilà, il assume ce virage et ne s’en cache pas. Il raconte d’ailleurs ici et là son passé, ses histoires plus personnelles et ses coups de déprime. Il a un regard sur le monde assez juste et c’est ce qu’il essaie de nous raconter à travers ses chansons remplies de sincérité. Il a beaucoup de choses à dire, à raconter. Ça se sent. Il nous conte son amour des enfants des quartiers que l’on a tendance à cataloguer trop rapidement comme des personnes sans ambition, sans réflexion… Il en est un bon contre-exemple. Lui qui a écouté plus jeune Balavoine, Michel Berger, JJ Goldman mais également I Am, Eminem, a une envie folle de transmettre ce mélange des cultures, indubitablement. Il enchaînera donc chansons plus douces ou festives avec des titres un tant soit peu plus revendicatifs. Alors on aura droit à « Mon Everest », single qu’il chante en temps normal avec Marina Kaye, « En feu », « Cosmopolitanie », « Roule » et « Le diable ne s’habille plus en Prada ». Un hommage au prince de bel-air et à Will Smith donc ; hommage à Marseille et à I Am (forcément entre Marseillais !). Et puis, c’est un des rares que j’ai entendu parler des attentats en Palestine et de tous ces événements auxquels on a eu droit depuis plus d’un an maintenant. Hommage aux enfants malades. Comme le titre de Daft Punk « Human after all », oui, Sopra est quoi qu’il en soit très humain et aime partager tout cet amour qu’il porte en lui. Vraiment. Du coup, tout le monde passe un agréable moment. Respect.
Je tiens à préciser que les lauréats des Inouïs sont :
- Eddy de Pretto qui a donc reçu le prix du Printemps de Bourges Crédit Mutuel Inouïs 2017 (chanson). Je trouve cela justifié.
- Ash Kidd qui a reçu le prix du jury Inouïs 2017 (hip-hop)
- Lysistrata qui a également reçu le prix du jury Inouïs 2017 (rock)
Les Inouïs, c’est 33 groupes sur 4 jours de concert.
Il y avait cette année énormément de concerts off (c'est-à-dire sur les scènes extérieures), et de très grande qualité avec des groupes plus ou moins connus. Cela permet à ceux qui ne peuvent assister aux salles de concert pour des raisons diverses et variées, de profiter au même titre que les autres de cette ambiance de musique live. Je trouve cela très bien et il est vrai que cette année la programmation des scènes « pression live » et « grande scène Séraucourt » ont eu leur lot de surprises. Une quarantaine de groupes se sont produits à différentes heures du jour et de la nuit. Aquaserge, William Z Villain, Cyril Mokaiesh, La Jérôme, Féfé, Ropoporose, Sianna, Siska ou Rachid Taha sont tous des chanteurs, chanteuses ou groupes connus et reconnus. J’aurais pu en citer d’autres mais la liste est trop longue.
Voilà pour ma part. Bien évidemment, je n’ai pas pu assister à tout. Ce serait impossible.
Mais j’essaie dans la mesure du possible de voir un maximum d’artistes pour pouvoir faire un compte-rendu assez représentatif du festival. Il est vrai que je n’ai pu assister aux concerts-lectures. Non pas que je n’aie pas voulu, mais on m’a refusé l’entrée car trop de monde pour des petites salles. Je pense notamment au Palais Jacques Cœur. Je n’ai pu me rendre aux concerts Hip-Hop à la Halle au Blé pour des soucis de timing (un peu loin du centre du festival). Si je m’y étais rendu, je manquais trop de choses, alors… Pourtant, j’aurais bien aimé également.
Mes coups de cœur de cette année sont dans le désordre : Jupiter & Okwess (et leur afro groove), Thomas Azier (et sa pop très classe, très british), Cameron Avery (dans un registre crooner soul-blues), Parcels (pour le funk frais), Her (le duo de nu-soul à la française), Warhaus (et son rock indie entre Cohen et Gainsbourg), Rat Boy (pour leur rock –hip-hop à la Beastie-Boys), Yuksek (électro-house-funk très dansant). Bien évidemment, c’est un peu réducteur et cela reste subjectif. Il y a bien d’autres groupes qui m’ont enchanté mais c’est ma sélection et c’est un ressenti que j’ai pu partager avec d’autres. Et j’irai même plus loin en disant que ceux qui remporteraient la palme seraient Warhaus (membre du groupe Balthazar) et Cameron Avery (crooner soul-blues enivrant). De vrais univers. Cela vous prend et ne vous lâche plus.
J’ai tout de même vu plus de 82 groupes en 6 jours, sans compter les scènes ouvertes que j’ai appréciées quand je me rendais d’un concert à l’autre ou quand je mangeais (oui, il fallait bien prendre quelques forces !).
« That’s all folks »
Ludo
Printemps de Bourges 2016
Ouverture du 40ème Printemps avec entre autre la présentation protocolaire du nouveau directeur Boris Vedel.
On le sent ému et émerveillé à la fois d’être à la tête d’un des plus grands festivals de France. Jeune et plein de dynamisme, il est passionné de musiques actuelles. Proche des artistes qu’il a lui-même rencontrés quand il travaillait en maison de disque. Il reconnaît être impressionné par l’engouement des locaux pour le festival. Il remercie comme il se doit les partenaires. Il marque son arrivée par la création d’une soirée « Happy Friday » basée sur la rencontre artistique diverse et variée, mais aussi d’un nouveau pass week-end permettant d’assister à la soirée électro du lendemain.
Le W
Marina Kaye
Elle ouvre ce 40ème festival. Quel parcours depuis qu’on l’a découverte dans « la France à un incroyable talent » ! Son album « Fearless » fait sensation, surtout auprès de la jeune génération. Toute ou trop jeune pour emmener le public avec elle. Chante parfaitement bien, mais sa présence scénique reste trop fragile, voire un peu trop statique pour enchanter complètement le public qui attend sans doute L.E.J ou Mika. A noter que deux écrans géants disposés de chaque côté de la scène permettent de mieux voir le ou les artistes à venir et ce sous différents angles.
L.E.J
Une très belle énergie et seulement trois sur scène. Deux chanteuses à cappella et une violoncelliste pour seul accompagnement musical. La recette est simple et pourtant pas nouvelle : elles reprennent et mixent des hits récents pour recréer une musique nouvelle et fraîche à la fois. C’est admirablement exécuté et dynamique. Le public est enchanté. C’est pourtant parfois un peu répétitif et cela risque de s’essouffler si elles ne renouvellent pas leur concept. C’est peut-être pour cela que leur 1er LP s’appelle « En attendant l’album » (avec leurs propres compositions ?). On entend par exemple Stromae, Daft Punk, Pharell Williams et NTM dans une même chanson. La sauce prend évidemment ! (je rappelle que les « Brigitte » avaient déjà fait de même).
Mika
Certes très professionnel et plébiscité par le nouveau directeur. Occupe formidablement bien la scène et il sait emmener le public où il veut. Vocalement un peu sur la réserve. Ce qui a fait son charme d’antan n’est peut- être plus d’actualité. Les anciens titres avaient quelque chose de particulier et d’original aussi bien vocalement que musicalement. C’est peut-être moins le cas avec des nouvelles chansons grandiloquentes sans mélodies accrocheuses. Ca n’a pas été « The voice » de la soirée !
Au même moment au 22
Pierre Kwenders (PK)
Un mélange d’électro et de musique africaine. On est transporté par une forme de transe très moderne et hyper dansante. Une Eurodance très percussive.
Bagarre
Ou comment se retrouver transporté dans une B.O de film façon « Drive ». Des synthétiseurs et séquencers 80’s.
Salut c’est cool
Une électro techno très déjantée. Particulier.
Les Inouïs rock au 22
The Lazy Kings
Très peu de paroles mais des ambiances sonores et vocales très lyriques. Mélodies sombres et mélancoliques, étranges mais envoûtantes. Feutré et doux à la fois.
Le Colisée
Un arrière-goût de François & The Atlas Mountain dans les paroles naïves. Atmosphère de bord de plage dans une esthétique très 80’s.
Angel
Un jeu de scène incroyable. Deux ailes d’ange qui se transformeront en ailes de démon au fur et à mesure de la prestation. Dualité, tant sur le concept que sur la musicalité. De la folk seventies à la pop-hard d’outre-tombe assez morbide. Un éclairage et un jeu de lumière qui va dans ce sens. La Vie, la mort. Guitare sèche, guitare électrique. Le bien, le mal. Voix grave, voix aiguë. Très bonne surprise.
Horskh
On retrouve un peu de Marilyn Manson. De l’électro-métal…
Holy two
Dans cette nouvelle mouvance : un peu d’Amy Winehouse dans la voix et musicalement assez pop. Un phrasé assez hip-hop. Entre LORDE et The Do.
Louis Aguilar
The Eels versus Weezer. La pop et la folk. Une très belle voix dans les graves. Une country-rock américaine plaisante.
L’Auditorium
Allen Stone
Combo funky avec orgue Hammond, Fender Rhodes, Clavinet, guitare funk, basse ronde et batteur métrique. Et puis il y a Allen Stone, chanteur blanc américain (Washington) qui a ingéré toute la culture afro-américaine et qui nous plonge dans cette moiteur et cette chaleur funk du début à la fin. C’était « show » !
Son Little
Moins carré et peut-être moins professionnel que son prédécesseur mais tout aussi envoûtant. Un versant blues et soul à la fois. On entend les chants des travailleurs dans les champs de coton. On entend le blues de la Louisiane profonde. On entend la soul du sud des Etats-Unis. Un diamant brut et un talent fou. Une voix exceptionnelle.
Leon Bridges
On peut venir du Texas et avoir le groove de James Brown ! Soul, boogie-woogie, rock’n’roll, gospel. Le tout très énergique. Une soul 60’s façon Otis Redding tant au niveau musical que scénique. Tout y passe. Le jeu de scène et des pas de danse calqués sur ceux de JB. Un sax très Bar-Kays. Un côté Temptation façon « My girl ». La Motown des années fastes.
Le W
Jain
Une toute jeune dans le paysage musical qui a pourtant « vu du pays ». Elle a beaucoup voyagé, suivant son père dans ses déplacements professionnels. Le titre de son album, Zanaka, veut dire « enfant » en malgache. On entend ici et là de la world music qui se marie à la pop music actuelle. Seule sur scène, elle fait partie de ces artistes qui s’auto-enregistrent (l’effet « loop » ou « boucle »). C’est parfois un peu répétitif mais c’est extrêmement bien exécuté. Elle a fait les premières parties de Yodelice, son producteur actuel, et s’est fait connaître grâce au single « Come » qu’on a entendu sur toutes les ondes. Une petite qui deviendra grande.
Ibrahim Maalouf
Jazz rock et jazz funky oriental. On a quand même rarement entendu un concert « jazzy » sous le W, ne serait-ce que pour le son qui laisse souvent à désirer et qui n’est pas toujours adapté à ce style de musique. Mais voilà, c’était sans compter sur Ibrahim Maalouf qui réconcilie le public avec ce lieu. Un don exceptionnel pour réunir les personnes. Il donne sans limite. C’est profondément inscrit dans son A.D.N. A la fois chauffeur de salle et multi-instrumentiste hors pair, il mène d’une main de velours tout ce petit monde : ses musiciens mais nous également. Formidablement accompagné (Eric Legnini au piano, excusez du peu), il embarque son auditoire dans un monde féérique. Puissant et doux à la fois, il joue comme il respire.Sa trompette quart-de-ton (inventée par son père) résonne formidablement et nous embarque vers son Liban natal. Un souffle de paix résonne alors et tout le monde est conquis.
Louise Attaque
Difficile de conserver la flamme allumée par Maalouf. Gaëtan Roussel et les siens n’arriveront qu’à de très rares moments à faire oublier ce que l’on vient d’entendre. Seuls les tubes tels « J’t’emmène au vent » ou « Ton invitation » seront repris en cœur pour la grande joie des nostalgiques de ce groupe de rock français qui battait, il y quelques années, des records de vente. Mais les temps changent et le nouvel album sorti depuis la reformation du groupe n’était pas encore dans toutes les têtes…
Les Inouïs hip-hop au 22
Young Ice’s Babe
On croirait entendre une production américaine du type Timbaland. Mélange de rap-trap et d’électro façon « Empire », la nouvelle série afro-américaine qui « cartonne » un peu partout dans le monde.
Krismenn & Alem
Mélange de chant breton et de Human Beat Box ! En effet, on passe sans aucune difficulté du rap old-school français (Assassin, NTM…) à une gavotte traditionnelle ! Et oui, c’est aussi ça les découvertes.
Ladea
Formation exclusivement féminine. Serait-ce la nouvelle Diam’s ? On ne lui souhaite pas le même destin ! Rap conscient et anti-conformiste, « Ne pas vouloir rentrer dans le rang », c’est elle qui le dit. Son parcours, sa famille, sur fond de rap français période Alliance Ethnik. Un bel hommage au rock en samplant Nirvana.
Nusky & vaati
Très original. Un décalage entre l’attitude et le propos tenu. Une façon pour Nusky de chanter très détachée, très calme, très distincte avec vocoder. Toujours accompagné à la guitare par Vaati. Les paroles sont très souvent axées sur les filles et le « biiip »… Un Orelsan nouveau.
Killason
Seul sur scène. S’accompagne d’un ordinateur et d’un séquenceur. Un look de star, déjà. Une attitude étudiée. Un flow particulier qui mélange rap et ragga. On reconnaît Outkast entre autre. Pour résumer, c’est Prince qui rencontrerait l’électro-rap actuel.
Aladin 135
Rap mégalo a souhait. N’a pas arrêté de rappeler qu’il faisait parti du collectif Panama Bende qui passait le Samedi 16 au 22. A trop faire sa propre pub, on en oublierais presque d’écouter les paroles…
L’Auditorium
Lola Marsh
Une chanteuse très habitée. Humble, pudique. Un look hippie-chic. Une pop-folk atmosphérique. Ce serait Lana Del ray et Kate Bush réunies. On entre dans son univers au fur et à mesure du concert. Comme dans un road movie, elle nous transporte dans des grands espaces. Angus & Julia Stone à elle seule. Une belle rencontre.
Marvin Jouno
Les textes sombres sont un peu à son image : tout de noir vêtu. « Les mauvaises nuits », « Le cancer », « Déraciné »…Un peu gauche. Un poil fragile. C’est ce qui le rend attachant. On comprend malheureusement mieux ses introductions de chansons que les paroles. Un Etienne Daho d’aujourd’hui.
La Grande Sophie
Une voix et une façon de chanter reconnaissables entre mille. C’est une vraie marque de fabrique. Souvent munie de sa Telecaster fétiche, elle assure seule toutes les parties de guitare. Un concert pop-rock et électrique. Elle nous offre la même reprise de Gainsbourg « Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve » qu’elle avait chantée la veille pour la création spéciale 40 ans.
Le Palais d’Auron
Rover
Grandiloquent. Un gros nounours aux mélodies pop seventies. Bowie aurait aimé…
Patrick Watson
Très calme. Trop pour certains. Formation proche et resserrée. Folk à souhait. Une très belle voix parfois masquée par les grondements rap de la soirée hip-hop au W. Il s’en amuse et poursuit…
Jeanne Added
Nouvelle coqueluche de la scène française. Une électro-rock new-wave 80’s assumée. Parfois punk dans l’énergie, dans l’attitude, mais souvent très électro musicalement. Une musique métronomique. Les batteries tiennent en effet une place importante. Sa belle voix se fait entendre dans les moments plus calmes (plus rares aussi !).
Feu ! Chatterton
Un groupe français rock et chanson qui monte, qui monte. Cela faisait longtemps qu’on attendait une forme de poésie urbaine de cet acabit. La relève de Bashung et de tout ce qu’on a pu connaître dans les années 80-90 avec le rock alternatif (Noir Désir par ex). Un chanteur très habité, très imprégné par son propre rôle de dandy rockeur. Poétique, métaphorique. Attitude et énergie rock pour des chansons d’une beauté certaine. Dommage que l’on n’ait pas pu profiter un peu plus du sens des textes. Le son, toujours ce son trop fort ? Une plume inspirée des plus grands comme Ferré, Barbara ou Gainsbourg. Les Parisiens ont quand même remporté tous les suffrages.
Les Inouïs chanson-world au 22
Palatine
Combo rock avec violoncelle. Une voix perchée. On retrouve l’univers d’Asaf Avidan…
Fabian Tharin
Un mélange de Didier Wampas et de Fauve #. Entre slam et chanson kitsch.
Adrien Soleiman
Une ambiance balnéaire. Toutes les séquences rythmiques sont pré-enregistrées dans une boîte à rythme. Un chanteur-pianiste agréable.
Fishbach
Seule sur scène, elle a auto-enregistré toutes les parties instrumentales comme on a pu le découvrir quelques années en arrière avec Anaïs (l’effet « loop »). Musicalement très ancré dans les années 80. Parfois trop. Un peu comme si on écoutait Niagara et Philippe Lavil sur une île déserte.
Nord
Un peu de Saez et un peu de De Palmas. Chante essentiellement en français. Une simplicité touchante. Toujours très souriant et donc très agréable à regarder et à écouter.
Superparquet
Véritable mélange de musique traditionnelle et d’électro. Banjo, biniou, vielle à roue… Entre musique auvergnate et musique répétitive moderne. Des jeunes gens ont même improvisé une bourrée pour le plus grand bonheur du public.
L'Auditorium
Noiserv
Véritable homme-orchestre. Seul avec une impressionnante collection d’instruments : carillons en tout genre, guitares, percussions, mégaphone, mélodica, samplers, petits pianos, xylophone, bandonéon…Un univers proche de celui de Yann Tiersen ou encore René Aubry. On est transporté dans son univers filmographique. Un grain de voix façon Piers Faccini ou encore Fink. Unique.
Bachar Mar-Khalifé
Fils de Marcel Khalifé (joueur de Oud connu et reconnu). Musicien Franco-Libanais. Il fait son apprentissage au conservatoire de Paris avec son frère Rami Khalifé (histoire de famille). Pianiste, chanteur, il mélange la chanson world aux musiques actuelles. Utilise instruments traditionnels (bodhram par ex.) et séquenceur électro. Le batteur utilise très souvent les toms de sa batterie à main nue. Musique douce et envoûtante. A découvrir, vraiment.
La Happy Friday :
Au W
Lucius
Deux chanteuses au look similaire, face à face, comme pour nous faire comprendre qu’il s’agit d’une seule entité, comme des sœurs siamoises ? Musique pop-rock. Belle énergie.
General Elektriks
Un joueur de claviers hors-norme (Hammond, Clavinet…). Des compositions venues tout droit des Etats-Unis. Une influence funk 70’s flagrante. Entouré d’un vibraphoniste, d’un guitariste et d’un bassiste (pas de batterie, sa façon de jouer très percussive remplace le beat des toms), on n’entendait malheureusement que très peu ses claviers mais essentiellement la grosse basse ronde qui couvrait un peu le reste. Dommage.
Synapson
Son titre phare, « All in you », fait un tabac et est diffusé sur toutes les radios en ce début d’année 2016. Un hit qui les transporte jusqu’au Printemps de Bourges. Deux DJ’s français qui se renvoient la balle à coups de samples sur fond de house, disco et électro. DJ’s multi-instrumentistes, ils préfèrent donner le micro à d’autres pour toutes les parties chantées. Une ambiance électro-dancefloor avant la grande soirée qui s’annonce (la Rock’n’Beat).
Lilly Wood & The Prick
De l’électro-pop française. Une belle présence mais sans surprise.
Caravan palace
On fait l’unanimité sous le W. De l’électro-swing très musicale puisque l’électro se mélange en effet aux instruments qui ont fait la gloire du swing des années folles ! Une pêche d’enfer. De nombreux musiciens entourent la chanteuse Zoé Colotis. Une passion pour le jazz manouche mais également les sonorités « dance » très actuelles. La section cuivre se marie très bien avec les platines. Un mélange festif et communicatif. A noter que Zoé danse et chante tout au long de la prestation. Chapeau !
The Avener
Tristan Casara de son vrai nom clôture cette soirée « Happy Friday ». Victoire de la musique électro. On attendait beaucoup. Une récompense méritée. Seul avec ses platines, il mixe et remixe sur fond de Deep house des vieux tubes rock ou blues. Son titre « Fade out lines », un remixe de Phoebe Killdeer résonne encore sous le W. Il aurait pu être programmé pour la soirée Rock’n’Beat du lendemain.
Au Palais d’Auron
Billie Brelok
Rappe en français mais surtout en espagnol. Diction très scandée façon Casey (une rappeuse proche aussi bien musicalement que lyriquement de La Rumeur). Un Dj et deux guitaristes masqués accompagne cette rappeuse engagée et engageante.
Soom T
Une révélation pour tout le monde. Une « claque » monumentale. Un groove funk se mélange à un chant reggae-ragga très actuel. Fidèle à l’album : énergique, moderne, frais… Superlatifs convenus mais convenant à ce petit bout de femme qui le mérite. On sent ici et là ses origines Indiennes. Il y a eu Caravan Palace au W, mais il y a eu aussi Soom T au Palais.
La Yegros
La cumbia argentine s’invite à Bourges. Plus traditionnelle que sur son album, elle a réchauffé la soirée sur fond de world music moderne (une tenue de scène très colorée et affriolante !)
Naâman
La coqueluche des adolescents. Enchante la jeune scène française reggae. Révélation 2013 aux victoires du reggae. Humanité, amour, liberté. Un talent indiscutable.
Les Inouïs électro au 22
Awir Leon
Entre électro et dubstep. De James Blake à Sohn.
The Noisy Freaks
Les nouveaux Daft Punk. La rencontre de l’électro vocodeurisée et du funk seventies. Hommage à Stevie Wonder et Zapp pour le côté funk pur. Et pour ceux qui connaissent, on entend Cassius, Superfunk, Modjo, Romanthony pour le versant électro-funk plus actuel.
Une joie de jouer communicative.
Sin Tempo
Musique répétitive. Nappes synthétiques mais sans véritable énergie. Un peu trop sur le même mode. Un flashback vers Depeche Mode.
Maestro
Electro rock ou rock électro très anglo-saxon. Dans le sillage de Poni Hoax, le groupe de Nicolas Ker, qui sort un album solo magnifique.
L’Auditorium
Ala.ni
En toute simplicité. Guitare jazz et harpe accompagnent cette chanteuse londonienne et protégée du chanteur du groupe Blur, Damon Albarn, qui a souvent le nez fin pour découvrir des talents exceptionnels. Elle a fait l’unanimité. Une voix pure, douce et puissante à la fois. Sans fioriture.
Elle porte la musique et le chant dans ses veines. Elle donne sans compter. C’est naturel. Sans calcul. Une technique vocale irréprochable. Une tessiture et une palette sonore large. Nous en avons eu la démonstration lors d’un titre chanté a cappella qui en a ému plus d’un. Jazz, blues, folk, soul : elle décide de ne pas choisir un registre en particulier, mais c’est toute la musique afro-américaine qui remonte à la surface. On entend du Billie Holiday, du Joan Baez, du Bessie Smith. Une reprise de Ritchie Havens s’intercale entre des compositions jazzy.
Une épure scénique qui force le respect. En effet pas besoin pour la demoiselle de sur-jouer un quelconque rôle. « No Format ! », le label qui a produit son album propose très souvent des concepts et des artistes originaux. Je conseille fortement une écoute attentive de cette artiste (même si cela restera un moment unique en live). La vraie sensation de ce Printemps.
Emily Loizeau
Une nouvelle tournée pour retranscrire scéniquement ce qu’elle vient d’écrire pour un spectacle. Très théâtral. Une horde d’instruments tels le basson, le bugle, le cor, le violoncelle complètent une formation plus traditionnelle et rock (guitare, basse, batterie).
Proche des musiques de films, on passe d’une pop orchestrale à un hip-hop jazzy, de la soul-country au rock loufoque et imaginaire. Un véritable univers qui ne nous fera pas oublier Ala.ni.
Raphaële Lannadère
Anciennement L. Un chant distinct. Assez proche musicalement d’Emile Simon. Hommage à Lhasa (chanteuse mexicaine partie trop tôt). Hommage également à un homosexuel sicilien faisant partie de la mafia ? Et ?! Dépaysant, mais toujours pas assez puissant pour effacer notre belle sensation Ala.ni.
La Rock’n’Beat party :
Au W
Bloc Party
Grand retour de Kele Okerere, leader charismatique du groupe indé anglais Bloc Party. De la pop anglo-saxonne mais également des éléments dance qui font leur succès d’aujourd’hui.
Birdy Nam Nam
Sans DJ Pone, ils assurent à trois ce mélange cher à leur cœur : un mix entre hip-hop, rock et électro même si, il faut bien le reconnaitre, leur tournée actuelle prend un virage nettement plus électro-techno qu’à l’accoutumée. Mais des bribes de scratch refont surface ici et là pour les fans de la première heure.
Au Palais d’Auron
Thylacine
Un jeu de lumière impressionnant. Un mix d’électro et de dancefloor très pointu. Saxophoniste, il agrémente son set de son jeu de musicien. Intéressant.
The shoes
Le super groupe français de la soirée. Grosse machine électro-rock. Vidéos projetées sur écran géant. Une façon de faire passer des messages et notamment tout ce qui les dérange et qu’on retrouve dans cette façon de jouer dure et brute. Des images de surconsommation, de business, de capitalisme, de gros muscles, de poulets engraissés ou de seins refaits… La liste serait trop longue. Un peu fort tout de même pour être apprécié à sa juste valeur.
Club Cheval
Original. Quatre musiciens français qui mélangent le rock, la house, l’électro et le r’n’b et qui attachent une importance à l’esthétique : look et gestuelle travaillés pour un rendu intéressant.
Au W
H.Magnum et Maître Gims
Pour être honnête, beaucoup, pour ne pas dire la totalité des gens présents étaient venus voir Maître Gims (membre du collectif Section D’Assaut). Comment passer à côté de sa popularité actuelle. J’ai été agréablement surpris. Le monsieur n’est pas si mégalo qu’on pourrait le croire. Il semble simple et sincère dans sa démarche. Le concept du concert était simple : le public devait choisir d’écouter son côté le plus commercial et chanson ou le versant le plus rap. Bien évidemment, on aura le droit d’écouter ce qui fait le « buzz » en ce moment : « Bella », « Sapés comme jamais », « Tu vas me manquer »… Tous les tubes radiophoniques qui ont enchanté les plus grands mais surtout les plus petits puisque ces derniers étaient venus en masse !
Un beau Printemps qui, comme à son habitude, a eu son lot de surprises. Certains artistes ressortent plus que d’autres.
Je pense notamment à la soirée soul avec Allen Stone, Son Little et Leon Bridges qui fut une soirée égale tant au niveau du style musical qu’au niveau de la qualité.
Ibrahim Maalouf et son « Red & Black Light Tour » en a surpris plus d’un, tant son amour de jouer est évident. Lui qui collabore avec un nombre incalculable d’artistes ne s’est pas perdu en route. C’est tout à son honneur.
Jeanne Added propose un univers particulier et très intéressant. Rien de comparable. Elle qui a étudier le jazz propose un mélange des genres très singulier. Une identité.
Lola Marsh et sa pop-folk hippie sincère.
Bachar Mar-Khalifé pour sa voix chaude et sa musique « transe » world.
Caravan Palace ont été impressionnants d’énergie.
La petite Soom T et son moderne groove-ragga.
Le très bon retour de Bloc Party.
Un mélange House-Pop-R’n’B de Club Cheval très actuel et original.
The shoes pour la fête.
Et pour finir Ala.ni qui remporte (en ce qui me concerne) la palme de l’artiste la plus intéressante de ce Printemps 2016. A découvrir.
Tout cela reste bien évidemment une vision assez personnelle.
C’est pour cela que je propose cette année certains enregistrements de personnes qui ont eu la liberté de dire ce qu’ils pensaient. C’est parfois ou souvent proche de ce que j’ai pu ressentir…
Un petit mot d'un spectateur à la sortie de la soirée des 40 ans :
Les grosses salles pour l’ambiance et la fête. Les plus petites pour une ambiance feutrée et plus calme (quoique, au 22, c’est souvent fort, rock et humide !).Pas de soirée métal. Plus de soirée reggae. Mais il y en avait quand même pour tous les goûts.
Certains ont regretté que la trouée verte soit investie par les stands VIP.
D’autres regrettent que le Printemps soit aussi rigide dans son emploi du temps…
Les deux soirées « Happy Friday » et « Rock’n’Beat » ont eu un succès fou, surtout auprès de la jeune génération.
Un bilan positif.
Le Printemps est un moment privilégié pour les Berruyers. Sachons le préserver.
Ludo !